Annoncé sur les réseaux comme ayant adhéré au RHDP, l’artiste Bilé Didier, précurseur du Zouglou, fait un formel démenti dans nos colonnes. Rencontré, hier, quelque part à Cocody, l’artiste a profité de l’occasion pour parler de lui, de sa carrière, de ses projets, de la marche du Zouglou et de ses rapports avec les autres Zouglouphiles ainsi le Coupé-décalé, autre genre musical venu éprouver le Zouglou.
Bilé Didier, précurseur du Zouglou, qu’est-ce que vous prévoyez pour vos fans en cette fin d’année ?
La fin de l’année est un moment particulier pour tout un chacun. C’est le moment des bilans et en général, il y a deux fêtes. Il y a la fête de Noël, pour moi qui suis chrétien, c’est la naissance du Christ et il y a la fête du Nouvel An. C’est souvent là qu’on prend beaucoup de résolutions. J’en profite pour adresser mes vœux à tous mes mélomanes, tous les fans du Zouglou et à tous mes parents aussi. Oui j’ai des spectacles, çà et là. Certains sont privés et d’autres publics. Comme tout artiste, je continue ma carrière zougloutique.
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Quel est aujourd’hui le statut du Zouglou ?
Le statut du Zouglou, c’est celui que tout le monde sait. Le Zouglou, c’est l’entité culturelle par essence de la Côte d’Ivoire. Le Zouglou, c’est à peu près ce qui serait le Reggae pour les Jamaïcains ou les Noirs américains. Aujourd’hui, parler du Zouglou, c’est parler de la Côte d’Ivoire.
Est-ce que le Zouglou n’a pas perdu de son repère avec l’arrivée du Coupé-décalé ?
On ne peut pas dire que le Zouglou a perdu de son repère avec l’arrivée du Coupé-décalé. Le Coupé-décalé est arrivé en Côte d’Ivoire en 2002. Il y avait des troubles en Côte d’Ivoire avec la tentative de coup d’Etat contre le régime du président Laurent Gbagbo qui s’est transformé en rébellion. A un moment donné, les Ivoiriens, exaspérés d’entendre les coups de canons, ne demandaient plus qu’à danser pour essayer d’oublier la crise. L’Ivoirien, en lui-même, n’est pas un peuple belliqueux. Le Coupé-décalé est une ramification du Zouglou. Les jeunes qui font le Coupé-décalé, la plupart du temps, ont fait le Zouglou. Beaucoup sont des transfuges. Le Zouglou a été ébranlé mais il n’a jamais baissé le pavillon. Le Zouglou a courbé l’échine mais aujourd’hui, tout le monde s’accorde à dire qu’il a sa place dans le paysage culturel ivoirien.
Aujourd’hui en 2022, est-ce que Bilé Didier a encore les inspirations de 1990 ?
Vous verrez, parce que je suis en studio. Et il y a beaucoup de mes fans qui me demandent pourquoi je ne sors pas d’albums. Je voudrais leur dire que je suis en studios et j’espère qu’ils ne seront pas déçus. Ce n’est plus la même lecture des choses avec la fougue estudiantine que j’avais en 1990. J’ai certainement une autre lecture des problèmes de la société. Tant qu’il y aura des problèmes, le Zouglou sera là pour en parler.
Quels sont vos rapports avec les autres zouglouphiles, A’salfo, Yodé et Siro et autres ?
Ils sont excellents. Nous avons de bons rapports. En Zouglou, ça réussit toujours. C’est ce que je pense, venant de moi. Je pense que de leurs côtés, ça va bien. Ils me le rendent bien et je pense qu’ils ne sont pas hypocrites vis-à-vis de moi. Ils ont beaucoup de respect pour moi et je le leur rends en retour. Quand les gens vous respectent que vous vous mettez trop au-dessus, à un moment donné, le respect part. Moi, je les aime bien et je leur dis merci. Je n’ai pas manqué de le redire récemment à Yodé et Siro parce qu’ils ont œuvré beaucoup à pérenniser le Zouglou.
C’est bien qu’il y ait des fondateurs, des bâtisseurs, ceux qui ont mis la première pierre mais après, on a monté les murs et il fallait faire la charpente, les finitions. Tous les gars que vous avez vus, Molière, Les Garagistes et tout le monde ont participé à ce que le Zouglou soit aujourd’hui ce qu’il est. Une seule personne ne peut pas s’arroger tout le succès et toute la gloire du Zouglou. Malgré tout l’argent qu’il peut posséder, ce n’est pas possible. Il n’y a personne qui le fait en Zouglou. En Zouglou, on est une famille. Le Zouglou appartient et d’abord aux Ivoiriens.
Est-ce que Bilé Didier vit de la musique ou bien a-t-il d’autres activités ?
Je vis de la musique et j’ai beaucoup d’autres activités. J’ai été étudiant donc j’ai des diplômes. Je suis entré au pays il y a 5 ans. J’ai un Restaurant à la Palmeraie. Les amis qui m’aiment bien et des fans viennent là. C’est une de mes activités. Je suis administrateur au Burida. Je suis animateur aussi sur une chaîne de télévision que vous connaissez. Je suis aussi conseiller technique chargé de la Culture auprès du maire de la Commune de Cocody, monsieur Jean-Marc Yacé. Et puis, parallèlement je fais du lobbying par rapport à certaines activités. J’ai une société qui existe, qui va faire bientôt de la production, la promotion des jeunes talents. Une façon de pouvoir aider les jeunes talents à devenir des stars demain.
Et Bilé Didier et la politique ?
La politique, quand tu ne veux pas la faire elle te fait. De toute façon, tout le monde voit politique partout. Ceux qui sont chargés de régler les tares de la société, malheureusement pour nous, ce sont des politiciens. Je dis bien malheureusement parce que quand tu n’es pas encore au pouvoir, tu pointes les tares mais une fois au pouvoir, c’est tout le contraire. Moi, je suis la voix des sans voix pour dire voilà ce que le peuple pense tout bas. Celui qui ne fait que répéter tes merveilles ne t’aime pas.
Sur les réseaux sociaux, on a vu que Bilé Didier aurait adhéré à un parti politique, qu’est-ce que vous en dites ? Avez-vous votre carte de militant du RHDP ?
Ça me fait marrer. Moi, je suis l’enfant de toute une patrie. Je représente toute une génération. Je suis le Z1, le précurseur du Zouglou. J’ai des amis dans tous les partis politiques de Côte d’Ivoire. Tous sans exception. PPA-CI, PDCI, RHDP, PIT, UDPCI. Soro est quelqu’un que je connais. Tout le monde sait que j’ai une estime très forte pour Charles Blé Goudé parce qu’il n’y a pas un politicien plus que lui qui soit plus proche du Zouglou. En amitié, je suis fidèle. Je sais ce à quoi vous faites allusion.
Expliquez…
J’ai cru que ce serait quelque chose qui passerait inaperçu. Mais aujourd’hui, mon téléphone n’a fait que sonner, quelquefois pour des félicitations, quelquefois pour des récriminations. La vérité est que je n’ai jamais pris de carte dans un parti que ce soit. J’ai des amis au RHDP, au PDCI, au PPA-CI et partout comme je viens de le dire.
Que s’est-il passé au juste ?
Ce qui s’est passé, c’est que j’avais un rendez-vous avec monsieur Tiburce Koffi qui était au Palm Club. Je suis au COGER pour rappel. Lui était au Palm Club pour faire son adhésion au RHDP. Moi, je suis allé le voir, c’est mon ami, mon grand frère, mon président. Je ne suis donc pas allé le voir dans le cadre de son adhésion au RHDP. Je suis allé le voir parce qu’il y a un problème au niveau du Burida où certains artistes qui sont dehors se plaignent. Il fallait donc qu’on s’accorde par rapport à une interview que je devrais accorder à Evelyne Déba sur NCI. Je suis allé le voir, je suis entré dans la salle où il était. Et là, j’ai été interpellé par mon grand frère le ministre Bacongo que je respecte énormément. J’ai grandi à Koumassi.
Il est donc le maire de ma Commune. C’est un grand frère qui a fait énormément de choses pour moi, mais pas dans le cadre du RHDP, en tant que grand frère. Il a dit « tiens, il y a Bilé Didier qui est dans la salle. Allez, viens, vous êtes tous aujourd’hui RHDP. Et puis, il m’a passé une écharpe au cou. C’est tout. Et c’est la photo qui a fait le buzz.Si je vais supporter l’Asec un jour, on peut me passer le maillot de l’Asec. Si j’accompagne un jour le LYS de Sassandra, on pourrait me passer son maillot. Moi, je n’ai pas de parti politique. Je rassure tout le monde. Moi, je suis de tous les partis. Je suis PDCI, RHDP, PPA-CI, UDPCI… Mais je suis surtout du parti Zouglou de Côte d’Ivoire, le parti où Gbê est mieux que Drap. C’est cela le plus important. Je représente une légende pour la Côte d’Ivoire. Mon parti, c’est le Zouglou.
Etes-vous souvent courtisé par les partis politiques ?
Oui, ça arrive souvent, mais ils savent très bien mon positionnement. Un jour, je suis allé rencontrer un dignitaire de ce pays. Je suis arrivé en retard au rendez-vous. Et pour la petite anecdote, il m’a dit, tu es arrivé en retard. Je lui ai dit oui, parce que la zouglou mobile avait refusé de démarrer. Le temps de trouver un taxi, j’ai accusé un retard. Il me dit : « toi tu as fait 25 ans à Paris et tu arrives en retard aux rendez-vous. » Je me suis excusé. Et puis, il me dit « tu as quoi comme voiture ? Je possédais une petite voiture, je lui ai donné la marque. Et il me dit, voilà, si tu t’étais défini, on allait te donner une grande voiture. » Et là, je n’ai pas manqué de lui dire, me définir, je ne sais pas ce que ça veut dire. Parce que pour moi, ma définition, c’est à l’endroit de tous les Ivoiriens.
Ma fierté, c’est tous les jours quand je passe dans les rues, les Ivoiriens me disent, merci Didier, grâce à toi, je suis allé à l’Université, grâce à toi, aujourd’hui je suis quelqu’un. Ça, c’est la plus grosse richesse. Des gens me donnent souvent de l’argent, mais c’est des Ivoiriens, je ne les vois pas en tant que militants d’un tel ou tel parti. Le jour où je vais me définir pour un parti politique, je pense que je vais arrêter la musique. Je sais que je gagnerai beaucoup de sous, mais tout le monde sait que je ne suis pas trop attiré par les sous. J’aime vivre libre et heureux. Et je me sens bien ainsi, je suis bien où je suis. En Zouglou, ça réussit toujours.
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Quel message avez-vous pour les Ivoiriens pour la nouvelle année ?
A tous les zouglouphiles, je dis joyeux Noël et meilleurs vœux à tous. Que la paix revienne réellement dans le pays ! Que les cœurs des Ivoiriens s’apaisent, que ce soit au niveau politique, social. Vous savez, quelquefois je vois des embouteillages pour rien, mais c’est tout simplement parce que les Ivoiriens sont devenus méchants les uns envers les autres ; il y a un manque de courtoisie, on ne veut pas laisser passer tel ou tel. On paralyse tout. Il y a peut-être une ambulance derrière qui transporte un malade, mais à cause de la méchanceté des gens…Il faut qu’on désarme les cœurs pour aller de l’avant. A la limite, je demanderais même à tous les politiques de ne plus être politiques, qu’on vive entre frères pour avancer. C’est trop facile qu’on se fasse des tapes dans le dos devant les caméras et la nuit on s’envoie des flèches. Je souhaite la paix, la paix, la paix et la santé à tous les Ivoiriens.
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