Kouadio Affoué Florence, dite Flopy Mendosa est une artiste conteuse ivoirienne, enseignante à l’INSAAC et directrice de la compagnie Flpoy Mendosa, initiatrice du festival Ivoire Graine de Conteurs dont la cinquième édition se tient ce samedi 17 février 2024 à l’Institut français. Elle explique que la majorité des conteurs africains ne racontent pas pour le jeune public.
Quel est le but de l’après-midi conté ?
L’après-midi du conté s’inscrit dans le cadre de ce festival où on fait des spectacles dans les écoles. Le but de l’après-midi conté est de faire découvrir le conte aux enfants. C’est-à-dire, comment on raconte des histoires en essayant d’éveiller leur conscience sur les différentes leçons de moralité que dégagent les histoires que nous racontons pour passer un moment agréable avec eux.
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Quelles sont les activités du festival d’Ivoire Graine de Conteurs ?
Ivoire Graine de Conteurs est un festival international pour le conte destiné au jeune public. Il vise à promouvoir le conte, à contribuer à l’épanouissement, à l’éducation et à la formation des enfants à travers les récits vocalisés et à créer des plateformes d’expressions pour les jeunes conteurs et surtout pour donner des techniques à tous ceux qui travaillent avec les enfants dans le domaine du conte.
Ivoire Graine de Conteurs comprend plusieurs activités mais trois grandes principalement. Nous avons les séances de formation qui sont à deux niveaux : il y a la formation destinée aux enfants qui commence à partir de 5 à 6 ans. Il y a également des ateliers de formation que nous initions. A ce niveau je fais venir un conteur professionnel de l’Europe ou de l’Amérique pour transmettre leur savoir. Pour cette cinquième édition, nous avons une conteuse française d’origine italienne, Claudia Campisano surnommée Ahou parce qu’elle dit qu’elle est née un jeudi. Elle est venue spécialement de la France pour animer des ateliers de formation pour des bibliothécaires, des maitresses d’écoles, des conteurs, des étudiants.
Il y a aussi le volet spectacle pour les centres des enfants en situation de vulnérabilité. La dernière activité est la soirée des enfants conteurs. En effet, les enfants initiés à la pratique du conte vont se présenter sur une grande scène avec toutes les commodités, notamment la lumière, le son. Ça sera ce samedi 17 février 2024 à l’Institut français à partir de 17 heures.
Vous faites venir un conteur de la France. Voulez vous dire qu’il n’y a pas de conteurs en Côte d’Ivoire ?
Ce n’est pas parce qu’on ne fait pas confiance aux conteurs ivoiriens et africains. Sauf que raconter pour les enfants est très délicat. Alors que la majorité des conteurs africains ne racontent pas pour le jeune public. La preuve, en Côte d’Ivoire ils sont rares ceux qui racontent pour les enfants. Pour les enfants, il y a deux étapes. Il y a la petite enfance, c’est-à-dire les enfants âgés de zéro à cinq ans. En Europe cela est développé. Ils racontent pour les enfants de 18 mois, deux ans et trois ans et le spectacle se passe très bien. Enfin, il y a l’étape des enfants du primaire.
Mon objectif est que dans un bref délai on dise en Côte d’Ivoire il y a des conteurs qui peuvent raconter pour les tous petits. Nous n’avons pas cette culture. Avant, on racontait les histoires, pour les grands, les enfants, tous réunis ensemble. Mais aujourd’hui avec les enfants qui vont à la maternelle, il est difficile pour les maitresses d’utiliser un livre de conte pour raconter aux enfants.
A travers ce festival, nous invitons les spécialistes du domaine à venir nous donner des rudiments. Le conte étant un partage, certainement quand ils vont venir, ils vont apprendre de nous.
Pourquoi le choix des enfants ?
C’est un don de Dieu je dirai. J’ai choisi les enfants parce que j’ai compris que c’est la base. C’est à partir de là qu’il faut éduquer pour ne pas qu’ils dérapent demain. Si les enfants sont l’avenir de demain, c’est dès maintenant qu’on doit leur inculquer certaines valeurs. Le conte est donc une véritable richesse où on apprend beaucoup de choses, notamment à s’exprimer, à enrichir son vocabulaire, à se tenir devant un public, on apprend aussi des leçons de moralité.
Quel message avez-vous à lancer ?
Je souhaite qu’on nous aide à soutenir le projet car nous arrivons à encadrer des enfants. Cette année nous aurons près de 52 enfants qui vont se produire à l’Institut français. Le projet est bien apprécié par certains parents qui nous font le retour. Si nous n’avons pas d’argent, de matériel on ne peut pas avancer pour le bien-être des enfants. Je profite pour dire merci à nos partenaires qui nous font confiance. Je souhaite que nos autorités accompagnent le projet surtout le ministère de la culture.
Entretien réalisé par Karina Fofana