Les prêts avec option d’achat, une méthode de plus en plus répandue, offrent de nombreux avantages tant aux clubs acheteurs qu’aux vendeurs. Focus sur une tendance en pleine expansion.
Kevin Danso, Mathys Tel, Ismaël Bennacer… Ils sont encore nombreux cet hiver à avoir été prêtés avec option d’achat. Un procédé qui possède plusieurs avantages. Sur le plan sportif, cela permet à un joueur en mal de temps de jeu de se relancer, au prêteur de se séparer d’un joueur potentiellement perturbateur car frustré, et à l’acquéreur de tester un joueur sans engager des dépenses faramineuses, et d’arrêter les frais en cas d’échec sportif. Mais les avantages sont également et surtout financiers.
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Et souvent, ces derniers temps, est accolée la mention « obligatoire », qui apparaît en contradiction avec le mot option, au premier abord. « Ce sont les Italiens qui ont un peu inventé le concept et depuis, il se propage, explique Raffaele Poli, docteur en géographie et cofondateur du centre international d’études du sport (CIES). C’est autorisé, bien que souvent conditionné, même s’il peut y avoir des conditions très faciles à obtenir, comme celle qu’un joueur dispute par exemple une minute avec son nouveau club. Les clubs communiquent parfois en ce sens, à propos d’une simple obligation. »
C’est notamment le cas de Tottenham qui, dans son communiqué à propos de l’ex-défenseur lensois, explique que « l’international autrichien rejoindra le club jusqu’en fin de saison, avec une obligation de rendre le deal permanent durant l’été. Pourquoi une telle opération seraitelle utile aux clubs ? « Il y a trois cas de figure, détaille Christophe Lepetit, responsable des études au Centre de droit et d’économie du sport de Limoges (CDES). Le premier, c’est un prêt avec option d’achat obligatoire conditionné à l’atteinte d’un objectif sportif.
Collectif, avec un maintien, une qualification en Coupe d’Europe, une montée en Ligue 1, qui donneraient des moyens supérieurs dans le futur. Ou individuel, avec un certain nombre de titularisations. » On peut par exemple citer le cas du Lyonnais Saïd Benrahma, prêté à Neom, en D2 saoudienne, avec une obligation d’achat en cas de montée dans l’élite pour un club actuellement co-leader.
UN PROCÉDÉ POUR DÉCALER LES DÉPENSES ET ÉTALER LES RECETTES
« La deuxième, reprend Christophe Lepetit, c’est un prêt avec option achat obligatoire sans condition, dans une logique de gestion comptable d’optimisation fiscale, c’est-à-dire décaler un produit ou une charge. » Du point de vue de l’acheteur, il s’agit de décaler une dépense si le club est un peu juste en termes de résultats financiers sur l’exercice en cours, en anticipant par exemple des recettes futures.
Du point de vue du vendeur, cela permet d’étaler ses recettes sur deux exercices différents. Ce serait notamment le cas de Lens, qui a déjà très bien vendu cet hiver, au sujet de Przemyslaw Frankowski. La levée de l’option d’achat serait effective après le 1er juillet, permettant au club artésien de conforter son budget suivant et éviter de payer trop d’impôts sur la saison 2024-2025. « Le troisième cas, le plus problématique, conclut Christophe Lepetit, serait une façon d’essayer de contourner les régulations, si un club est par exemple interdit de recruter. Là, il y a un risque que les institutions (DNCG, UEFA) réintègrent le prêt sur l’exercice en cours. »
Ce type d’opérations est-il appelé à se multiplier, et les transferts secs seraient-ils en voie de disparition ? « Non, cela reste un phénomène relativement restreint, tempère Raffaele Poli. Mais qui se diffuse, y compris en dehors de son berceau italien ».
Générations Nouvelles
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction