Le prix Nobel de littérature nigérian Wole Soyinka a révélé, mardi 27 octobre 2025, que son visa américain avait été annulé par le consulat des États-Unis à Lagos. L’annonce a été faite lors d’une conférence de presse où l’écrivain de 91 ans, visiblement serein, a déclaré avec ironie : « Je tiens à assurer le consulat que je suis très satisfait de l’annulation de mon visa. »
Premier auteur africain à avoir reçu le Nobel de littérature en 1986, Wole Soyinka est reconnu comme une figure majeure de la littérature mondiale et un fervent défenseur des libertés. L’écrivain, souvent critique envers les dirigeants autoritaires, s’était également distingué par ses prises de position virulentes contre le président américain Donald Trump.
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Selon une lettre du consulat américain, citée par l’AFP, cette décision s’appuie sur les règlements du département d’État, qui autorisent « l’annulation d’un visa de non-immigrant à tout moment, à sa discrétion ». Le dramaturge a précisé que les autorités consulaires lui avaient demandé de présenter son passeport pour procéder à l’annulation formelle du document.
Wole Soyinka a réagi avec humour, qualifiant la correspondance du consulat de « lettre d’amour plutôt curieuse venant d’une ambassade ». Il a ajouté : « À toutes les organisations qui voudraient m’inviter aux États-Unis, je conseille de ne pas perdre leur temps. Je n’ai pas de visa. Je suis interdit d’entrée. »
L’écrivain, qui avait autrefois résidé aux États-Unis, avait détruit sa carte verte en 2016 pour protester contre l’élection de Donald Trump. Il avait auparavant enseigné dans plusieurs universités prestigieuses, dont Harvard et Cornell.
Interrogé sur cette nouvelle décision, Soyinka a réitéré ses critiques contre l’ancien président américain : « Quand j’ai comparé Donald Trump à Idi Amin, je pensais lui faire un compliment. Il se comporte comme un dictateur, il devrait en être fier. »

Surnommé le « Boucher de l’Afrique », Idi Amin Dada fut l’un des dictateurs les plus sanguinaires du continent, responsable de centaines de milliers de morts en Ouganda dans les années 1970.
Malgré cette interdiction d’entrée, le Nobel de littérature a affirmé ne ressentir aucun regret : « Quel âge ai-je ? » a-t-il lancé, avant de préciser qu’il n’avait plus rien à chercher aux États-Unis, tout en n’excluant pas la possibilité d’y retourner si les circonstances venaient à changer.
Auteur prolifique, Wole Soyinka a signé plus de soixante œuvres, pièces de théâtre, essais, poèmes, récits autobiographiques et romans, parmi lesquels Les Interprètes, Une saison d’anomie et Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde. Aux côtés d’écrivains comme Chinua Achebe, il a façonné la pensée littéraire africaine moderne, préférant à la « négritude » des francophones le concept de « tigritude », symbole d’une identité noire affirmée sans complexe.
Lucien Kouaho (stagiaire)


























