L’émotion était au rendez-vous lors du concert de la chanteuse Sly De Sly au Palais de la Culture. Parmi les spectateurs, une figure emblématique de la musique ivoirienne, Reine Pélagie, n’a pu retenir ses larmes. Interrogée sur cette réaction, l’artiste a livré un témoignage empreint de nostalgie et de douleur.
« Sly a été ma choriste. Donc, chaque fois que je la vois sur scène, des images me reviennent », confie Reine Pélagie. Ce retour dans le passé n’était pas sans tristesse : « Je me rappelle tous ces musiciens avec qui j’ai travaillé à l’époque, mais qui ne sont malheureusement plus de ce monde », dit-elle, citant plusieurs noms aujourd’hui disparus.
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Ce moment d’émotion a été amplifié par une chanson en langue bété interprétée par Sly, traitant d’un thème profondément cher à Reine Pélagie : la reconnaissance. « Cette chanson me touche personnellement. Elle chante mon histoire », confesse-t-elle. L’artiste évoque les trahisons et les blessures du passé, issues d’un entourage qu’elle avait pourtant soutenu. « C’est vraiment dommage dans cette vie. Même des parents qu’on épaule aujourd’hui se retournent contre nous demain », a-t-elle indiqué.
Reine Pélagie trouve dans les paroles de Sly une forme de justice poétique. « Dans cette chanson, elle dit en substance : quand une personne t’a épaulé à un moment de ta vie, si tu ne veux pas lui être reconnaissant, garde-toi au moins de salir son nom, de ternir sa réputation », a-t-elle ajouté. Un message fort, qui fait écho à des épisodes douloureux vécus par l’icône de la musique tradi-moderne.
Mais au-delà des blessures, Reine Pélagie a aussi exprimé sa profonde gratitude envers Sly De Sly pour le geste de reconnaissance posé lors de ce concert. « Sly m’a honorée en reprenant ma chanson “Union”. Elle m’a témoigné son respect et sa reconnaissance. J’en ai été vraiment touchée », a-t-elle expliqué. Ce moment de grâce a ravivé en elle des souvenirs mêlés de fierté et de mélancolie, la ramenant à une époque où les liens entre artistes étaient plus solides et sincères.
En versant ses larmes, Reine Pélagie ne pleurait pas seulement des souvenirs. Elle pleurait aussi pour une génération de pionniers oubliés, pour des trahisons encore douloureuses, mais aussi pour la beauté rare d’un hommage sincère. Un rappel poignant que dans le monde du showbiz comme dans la vie, la reconnaissance reste un trésor aussi précieux que fragile.
Lucien Kouaho (stagiaire)
Reine Pélagie à propos de son retour en Côte d’Ivoire : « Je suis fâchée… »