Organisée par la régie Pulaarku Welly, la deuxième édition de l’afterwork Toast & littérature s’est tenue, le 10 février, dans un espace culturel des II Plateaux – les Vallons.
En tout cas, si moi je deviens le Président de ce pays, la première des choses que je fais, c’est de concentrer tous les investissements dans les zones cacaoyères. J’abandonne carrément Abidjan, je prends tout ce qu’il y a de beau ici, même les routes, je les démonte et je les amène dans les villages pour que ça profi te aux paysans.
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Ce sont eux qui doivent être les premiers à bénéfi cier des richesses de notre pays puisque ce sont eux qui les créent ». Par cette boutade, Gauz répondait à la question de Nabou Fall qui lui demandait ce qu’il ferait s’il devenait le Président de la Côte d’Ivoire. Une question pas du tout anodine ni fantaisiste, mais qui a été bien mûrie par la speakeuse qui assurait la modération du café littéraire (Toast & Littérature) autour du livre ‘’Cocoaïans (naissance d’une nation chocolat)’’ de l’auteur ivoirien de 52 ans.
C’était dans la soirée du 10 février, dans un espace aux Deux Plateaux Vallons, en présence des auteurs Venance Konan et Alain Tailly, panélistes pour l’occasion. En effet, dans ce livre qui est en fait l’histoire politique du chocolat, paru en août 2022, Gauz, de son vrai nom Armand Patrick Gbaka-Brédé, prône la justice à l’égard de ces hommes et de ces femmes qui, par leurs efforts dans les plantations de cacao, ont permis à la Côte d’Ivoire de devenir ce pays moderne qu’elle est aujourd’hui.
Il ne comprend pas pourquoi ces communautés cacaoyères sont les moins nanties du pays alors que ce sont elles qui ont donné toute sa richesse au pays. Ample fresque historique à travers le XXe siècle basée sur des vérités historiques déguisées sous forme humoristique, Cocoaïans raconte l’histoire du chocolat et de la dépendance du monde à la poudre de cacao. De la fève aux produits transformés, la culture et le commerce du cacao traduisent les rapports de domination imposés par l’Occident aux pays d’Afrique. Le scandale que Gauz dénonce dans ce livre est d’avoir continué à « exploiter nos parents planteurs ».
Pour lui, « c’est une trahison à leur égard, eux qui se sont sacrifi és pour construire le pays. Il faut rendre aux paysans le fruit de leurs efforts ». A la question de Venance Konan de savoir ce qu’on devrait faire maintenant que le bilan est dressé, l’auteur va plus loin pour proposer d’abandonner cette économie cacaoyère afi n de se détacher du colonialisme qui a changé de forme. Gauz lance ainsi l’idée d’une Afrique qui se réapproprierait le produit de son travail et ses moyens de production, pour se libérer de l’aliénation induite par le capitalisme post-colonial.
« Après la proclamation de l’indépendance, on ne s’est pas posé la question de savoir quel pays on veut désormais pour nous et nos enfants. On est resté formaté à penser et faire l’économie qui ne profite qu’au colonisateur. Il est temps d’abandonner cette économie coloniale en nous affranchissant du cacao qui n’a que trop détruit nos forêts. Il est temps de prendre en main le destin national avec d’autres réflexions qui nous rendront plus libres et plus prospères », suggère-t-il.
Pour Alain Tailly, Cocoaïans est une grande performance littéraire. Né à Abidjan en 1971, l’auteur est à sa troisième œuvre avec en toile de fond les thèmes de l’émigration et de la colonisation. Son premier roman ‘’Debout-payé’’ paru en 2014 avait été salué par la critique, notamment pour la qualité du style d’écriture, de ses satires sociales et de son humour.
Fraternité Matin
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