Une série d’arrestations visant des responsables chrétiens a secoué la Chine ces derniers jours. Les autorités chinoises ont arrêté Jin « Ezra » Mingri, pasteur principal de l’Église de Sion, l’un des plus influents réseaux d’églises de maison du pays, ainsi qu’une trentaine de pasteurs et membres du personnel. Une opération de grande ampleur qui fait craindre à de nombreux observateurs le début d’une nouvelle vague de persécutions religieuses.
Depuis jeudi 13 novembre 2025, des interpellations ont été signalées dans au moins six villes. Selon l’organisation ChinaAid, plus de dix agents de police ont fait irruption vendredi dans l’appartement de Jin Mingri à Beihai, dans la province du Guangxi. Son domicile a été fouillé toute la nuit avant que le pasteur ne soit emmené menotté. Un autre responsable a été arrêté à l’aéroport de Shenzhen, tandis que plusieurs fidèles ont perdu le contact avec une douzaine de membres de l’église, laissant planer le doute quant à leur arrestation.
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Aux États-Unis, sa fille Grace, qui réside dans le Maryland, a appris la nouvelle au réveil. Elle venait de découvrir un message de prière envoyé par son père au sujet de l’arrestation d’un autre pasteur, Wang Lin, lorsqu’elle a été informée par sa mère qu’aucune communication avec Jin n’était plus possible. Rapidement, la famille a compris qu’il avait été arrêté. « Je ne voulais pas y croire », confie Grace, qui espérait d’abord qu’il s’agissait d’une simple convocation informelle, ce que les Chinois appellent « boire le thé », un euphémisme pour un interrogatoire.
L’Église de Sion, dont le lieu de culte principal avait déjà été fermé par le gouvernement en 2018, a pourtant connu une croissance fulgurante ces dernières années. Avec près de 10 000 membres répartis dans 40 villes, le réseau s’est développé grâce à un modèle hybride mêlant réunions locales et retransmissions en direct, particulièrement durant la pandémie. Cette expansion semble avoir attiré l’attention des autorités, qui multiplient les interruptions de cultes et les arrestations, souvent suivies de libérations rapides.
Les incidents récents s’ajoutent à une série de mesures répressives contre d’autres églises de maison : en mai, le pasteur Gao Quanfu, de l’Église de la Lumière de Sion à Xi’an, a été arrêté sous l’accusation d’avoir « utilisé des activités superstitieuses pour compromettre l’application de la justice ». En juin, dix membres de l’Église du Chandelier d’or de Linfen ont été emprisonnés pour fraude, tandis que leur pasteur Yang Rongli a été condamné à quinze ans de prison.
Malgré ces arrestations, l’Église de Sion entend poursuivre ses activités. Des pasteurs basés à l’étranger, notamment en Corée du Sud et au Canada, assurent désormais la continuité des enseignements. Les centaines de petits groupes affiliés, composés de cinq à cinquante personnes, continuent de se réunir dans des salons privés, des restaurants ou via Zoom. Dimanche encore, un pasteur sud-coréen devait prêcher sur le récit de la lapidation d’Étienne, premier martyr chrétien, avant une exhortation spirituelle et une bénédiction.
« Pas de souffrance, pas de gloire : c’est l’ADN spirituel du mouvement des églises de maison en Chine », affirme l’un des pasteurs du réseau, Long. « Nous sommes prêts à payer le prix de la vie de disciple. »
Dans un climat de plus en plus tendu, les fidèles espèrent désormais obtenir des nouvelles des responsables arrêtés, tandis que les organisations internationales appellent Pékin à garantir la liberté de culte et la protection des communautés religieuses.
Lucien Kouaho (stagiaire)
Bénin : Arrestation du tiktokeur Azé Gbétékanlin pour insultes envers une église – allbuzzafrica


























