La Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2025 a officiellement démarré au Maroc, mais les premières images de la compétition suscitent déjà de nombreuses interrogations. En dehors du match d’ouverture, disputé le 21 décembre 2025 dans une atmosphère relativement animée, plusieurs rencontres se sont déroulées devant des tribunes largement clairsemées, parfois presque vides. Des affiches comme Mali–Zambie, Afrique du Sud–Angola ou encore Égypte–Zimbabwe ont ainsi offert un spectacle contrasté, marqué par un silence inhabituel pour un rendez-vous majeur du football africain.
Pour un pays qui a investi massivement dans la construction et la rénovation de stades ultramodernes, et qui revendique une solide expérience dans l’organisation de grands événements internationaux, ce décalage entre la qualité des infrastructures et la faible affluence du public interpelle. La CAN, au-delà de la compétition sportive, constitue une vitrine politique, économique et médiatique pour le pays hôte. À travers elle, le Maroc entend démontrer son savoir-faire organisationnel et son ambition de s’imposer comme un hub du sport africain.
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Or, les images de tribunes vides diffusées à la télévision et largement relayées sur les réseaux sociaux brouillent ce message. Un stade peu rempli renvoie inévitablement l’idée d’un manque d’enthousiasme populaire, voire d’un décalage entre l’événement et son public naturel. Une perception d’autant plus préjudiciable que la CAN repose aussi sur la ferveur, la couleur et la communion des supporters, éléments essentiels à l’âme de la compétition.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette faible mobilisation. Le premier concerne la programmation des matchs. Des rencontres disputées en pleine semaine et en milieu d’après-midi réduisent considérablement les chances de voir les tribunes se remplir. Entre obligations professionnelles, scolaires et contraintes de déplacement, de nombreux supporters potentiels se trouvent de fait exclus.
La billetterie constitue également un frein non négligeable. Le système entièrement numérisé, combiné à l’obligation d’un identifiant spécifique pour accéder aux stades, a complexifié le parcours de certains supporters, notamment ceux peu familiers des outils numériques. Si ces mesures visent à renforcer la sécurité et la gestion des flux, elles ont aussi créé une distance avec une partie du public.
À cela s’ajoute le coût global de l’expérience. Même lorsque les billets sont proposés à des tarifs jugés abordables, les dépenses annexes — transport, restauration, temps consacré — peuvent décourager, surtout pour des matchs n’impliquant pas l’équipe nationale marocaine et ne suscitant pas un fort attachement émotionnel local.
Au-delà des aspects logistiques, la question de l’adhésion populaire reste centrale. Une CAN réussie repose sur une mobilisation large, y compris autour des rencontres dites secondaires. Cette dynamique suppose une communication de proximité, des animations autour des stades et une véritable implication des populations locales dans l’événement.
Le Maroc dispose toutefois encore de marges de manœuvre pour inverser la tendance. Des ajustements d’horaires, une simplification de l’accès aux stades, une politique de remplissage plus offensive et une animation renforcée pourraient redonner de la voix aux tribunes dans les jours à venir.
Les premières journées ont envoyé un signal clair : des infrastructures modernes, aussi impressionnantes soient-elles, ne suffisent pas à garantir le succès populaire d’une compétition. Pour la CAN 2025, l’enjeu est désormais de recréer un lien fort entre le tournoi et son public, afin que la plus grande fête du football africain conserve toute son âme.
Lucien Kouaho (stagiaire)
CAN 2025 Maroc compétition





























