Figure emblématique du reggae africain, Tiken Jah Fakoly poursuit son engagement artistique et politique avec une constance remarquable. Plus de deux décennies après avoir reçu le prix RFI Découvertes Afrique et les Victoires de la musique en 2003, l’artiste ivoirien reste fidèle à ses convictions : dénoncer les injustices et défendre l’unité africaine.
Né le 23 juin 1968 à Odienné, dans le nord-ouest de la Côte d’Ivoire, Doumbia Moussa Fakoly de son vrai nom se réclame d’une lignée de chefs guerriers. Très tôt, il fait de la musique un outil de revendication. Dès les années 1990, il se fait connaître en Afrique avec son album Mangercratie, avant de conquérir l’international avec des œuvres engagées comme Françafrique, enregistré aux légendaires studios Tuff Gong en Jamaïque, aux côtés de Sly and Robbie.
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En 2003, lorsqu’il est sacré aux Victoires de la musique en France, Tiken Jah Fakoly utilise la tribune pour dénoncer la « post-colonisation » et les mécanismes de domination persistants entre l’Occident et l’Afrique. À cette époque, la guerre civile en Côte d’Ivoire le contraint à l’exil. Il s’installe alors à Bamako, au Mali, mais ne renonce jamais à sa mission.
Depuis son exil, il poursuit son combat contre les dérives politiques et sociales. Il n’hésite pas à critiquer ouvertement certains dirigeants africains, comme l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, ce qui lui vaut d’être déclaré persona non grata au Sénégal. Il milite aussi pour l’annulation de la dette des pays africains, alerte sur les dangers du changement climatique pour les économies locales et s’oppose fermement à l’expansion du jihadisme au Sahel.
En 2024, Tiken Jah Fakoly propose un retour aux sources musicales avec son album Acoustic, une relecture intime de ses plus grands titres. Ce projet, qu’il présente cet été dans plusieurs festivals, témoigne de sa volonté de toucher un public plus large, en mettant à nu l’essence de son message.
« La plupart de mes chansons sont toujours d’actualité », affirme-t-il. Une déclaration qui souligne à quel point les problématiques qu’il dénonce restent pressantes. À 57 ans, Tiken Jah Fakoly incarne toujours la voix d’une Afrique fière, lucide et résolument tournée vers un avenir plus juste.
Lucien Kouaho (stagiaire)
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Tiken Jah Fakoly reggae