Tapsoba Joseph, plus connu sous le nom de Chocho, figure parmi les comédiens les plus appréciés du public burkinabè. Cependant il dénonce le traitement dont ils font l’objet, eux les anciens acteurs. Pourtant, juriste de formation qu’il est, titulaire d’une maîtrise en droit, il a choisi de suivre sa passion pour les arts de la scène.
Tapsoba Joseph, alias Chocho, comédien emblématique du Burkina Faso, s’est récemment confié avec amertume sur la place accordée aux anciens acteurs dans l’industrie cinématographique burkinabè, notamment lors du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).
Juriste de formation, titulaire d’une maîtrise en droit, Chocho a pourtant choisi de suivre sa véritable passion : les arts de la scène. Pendant plusieurs années, il a su conquérir le cœur du public par son talent, sa prestance et son humour. Mais aujourd’hui, l’artiste dénonce une forme d’injustice et de marginalisation à l’égard des figures de proue du théâtre et du cinéma burkinabè.
« Aujourd’hui, on n’a plus besoin de nous puisqu’on nous a fait savoir qu’on peut créer de nouvelles stars », déclare-t-il avec déception. Une phrase lourde de sens, qui traduit une fracture entre les anciens piliers de la scène et la nouvelle génération d’artistes.
Le comédien révèle ainsi qu’au FESPACO, l’un des plus grands festivals de cinéma africain, il ne bénéficie d’aucune reconnaissance officielle : « Si je vous dis qu’aux FESPACO je n’avais même pas de badge, vous n’allez pas me croire. Et ce n’est pas la seule édition. Les éditions passées, c’était pareil. J’ai même payé mon ticket pour regarder le film Katanga. La plupart des acteurs principaux de ce film n’avaient même pas de badge. »
Plus grave encore, lors de l’édition 2023, on lui aurait explicitement signifié qu’en l’absence d’un rôle dans un film en compétition, il n’était pas éligible pour obtenir un badge d’accès. « On m’a fait savoir qu’étant donné que je n’ai pas joué dans un film, donc je n’ai pas droit à un badge. », a-t-il fait remarquer.
Ces propos soulèvent des questions sur la manière dont les institutions culturelles du pays valorisent ou non leurs artistes historiques. Faut-il avoir un rôle récent pour mériter une reconnaissance ? Les anciens doivent-ils être oubliés au profit d’une dynamique de renouvellement à tout prix ?
À travers ce cri du cœur, Chocho met en lumière un débat essentiel sur la mémoire artistique et le respect des pionniers dans l’univers du spectacle burkinabè. Une interpellation que les autorités culturelles ne sauraient ignorer.
Notons que depuis sa jeunesse, il s’est lancé dans le théâtre et le cinéma, deux domaines dans lesquels il s’est imposé comme une véritable icône.
Sa filmographie est impressionnante, avec des dizaines de productions à son actif. Parmi les plus célèbres figurent Commissariat de Tampy, Série noire à Koulbi, Sam le Caïd ou encore Affaires publiques. Malgré cette belle carrière, Chocho ne cache pas sa déception face à l’évolution du cinéma burkinabè.
Karina Fofana
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