Le phénomène du cyber-harcèlement continue de prendre de l’ampleur dans l’univers du rap ivoirien, suscitant l’indignation de plusieurs artistes. Parmi eux, Suspect 95, figure de proue du mouvement, a tenu à hausser le ton. Invité à réagir sur la question, il a révélé avoir engagé une procédure judiciaire pour faire respecter ses droits face aux dérives constatées sur les réseaux sociaux.
« C’est énervant et indignant. Moi, j’ai porté plainte et l’affaire suit son cours tranquillement, parce qu’il faut qu’on mette des limites dans cette histoire de fans. C’est le mauvais côté du rap ivoire, et c’est vraiment un point négatif », a-t-il affirmé, dénonçant le climat toxique qui entoure parfois le milieu.
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Selon l’artiste, certains admirateurs transforment leur passion en une forme de fanatisme qui dépasse largement les bornes. Une dérive qui peut avoir de lourdes conséquences. « Quand je suis allé porter plainte, on m’a fait savoir qu’il y avait déjà cinq ou six personnes en prison pour des commentaires liés au rap ivoire, et qui ont écopé de six mois de peine. J’avoue que ça m’a surpris », a-t-il confié.
Le rappeur a également pointé du doigt la légèreté avec laquelle certains internautes abordent la question. « Sur les réseaux sociaux, certains trouvent ça amusant. Ils prennent la chose à la légère, font des commentaires désobligeants et se disent qu’avec leurs comptes avatars et non leurs vrais comptes, ils sont intouchables », a-t-il expliqué.
Mais à l’ère numérique actuelle, cette impression d’impunité ne correspond plus à la réalité. « Nous sommes en 2025 : la PLCC (Plateforme de Lutte contre la Cybercriminalité) dispose aujourd’hui de logiciels capables de les retrouver », a prévenu Suspect 95.
En portant plainte et en sensibilisant le public, l’artiste entend ainsi lancer un signal fort : le rap ivoire, s’il est un espace d’expression et de créativité, ne doit pas devenir un terrain propice à l’intimidation et au harcèlement virtuel.
Lucien Kouaho (stagiaire)