Dans une publication sur son compte Facebook, le samedi 18 novembre 2023 Sidoly Gbazie, a expliqué son calvaire pour avoir accès au stade Alassane Ouattara d’Ebimpé à Abidjan en vue d’assister à la rencontre entre les Eléphants de Côte d’Ivoire et les Seychelles le vendredi 17 novembre 2023. A l’en croire, il a parcouru au moins 5 Km à pied après avoir garé son véhicule pour arriver. Il prévient que si ce mode opératoire est reconduit pour la CAN, « ce sera la catastrophe ».
Après le post de tout à l’heure, j’ai reçu des messages m’invitant à expliquer ma mésaventure au stade d’Ebimpé. D’entrée de jeu, je le dis toute suite, il ne s’agit pas d’un calvaire isolé. Ce que j’ai vécu, au moins 3/4 des spectateurs l’ont vécu mais je ne pense pas que cela doive être banalisé si on veut une CAN à la hauteur de nos attentes.
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Avec mon frère Losseny Soumahoro et mon épouse Koffi Adjoua Yvonne Gbazie nous décidons de remettre le couvert après avoir récemment assisté au match Côte d’Ivoire Afrique du Sud au FELICIA. Cette fois c’est à Ebimpé mais cela ne nous démonte point. Il s’agit tout de même des Éléphants, de nos Eléphants.
Nous voilà donc sur la route de la Maca pour nous rendre au stade. Déjà sur l’autoroute, un bouchon s’annonce. Très vite nous nous rendons à l’évidence que l’opératrice de Google Map était bien optimiste en nous promettant 1h 17 minutes de route.
Cahin-caha, nous prenons l’embranchement qui mène à la zone industrielle.
La cause du bouchon est là devant nous : les forces de l’ordre ont rétréci la voie et les véhicules passent à compte-goutte.
Il en sera ainsi quasiment jusqu’après la MACA.
Alors que nous pensions être sortis de l’auberge, le bouchon se corse à l’approche du nouvel échangeur de N’dotré. Dans un capharnaüm digne du Forum d’Adjamé policiers et gendarmes essaient de guider les automobilistes.
Tiens, il est question de stationner les véhicules sur un terrain vague et emprunter des bus pour rallier le stade.
Dit ainsi, c’est beau et ça donnerait presqu’envie d’applaudir.
Oui il y avait des bus, mais il fallait jouer des coudes pour y accéder. C’est connu, la jeunesse est fougueuse et nous autres les »jeunes vieux » n’avons pas intérêt à aller sur le terrain du physique avec les jeunes surexcités. Nous arrivons à prendre place dans un bus en pensant naïvement que notre calvaire avait pris fin. Ce n’était que le début.
Après près d’une dizaine de minutes de route, le bus nous laisse soi-disant non loin du stade. Il fallut se rendre à l’évidence que le stade était loin d’être à un jet de pierre.
Un policier dans le rôle d’oiseau de malheur nous lancera du reste, »Ce n’est pas loin, c’est 4 km seulement. » J’en ai souri pensant à une blague de mauvais goût. De blague, il n’en était rien. C’est bien au moins 4 km qui nous séparaient de la Porte 7 (la plus reculée). Alors que nous marchions les Éléphants avaient commencé à enfiler les buts à l’intérieur.
C’est sur les rotules que nous arrivons au stade
L’enceinte est belle. Je la voyais pour la première fois et j’avoue que je ne la savais pas si belle.
La pelouse est éclatante et semble avoir conjuré les démons de la pluie. J’ai dû mal à me concentrer sur le match car toutes mes pensées voguent déjà vers le chemin retour.
En effet, lorsque je vois comment les bus ont eu du mal à gérer les spectateurs à l’aller alors que ceux-ci arrivaient par petites vagues depuis midi, je me demandais qu’est-ce qu’il en serait de la déferlante après la fin du match.
Sur le terrain, les joueurs ivoiriens alternaient les loupés monumentaux et des buts splendides.
A 10 minutes du terme du match alors que le score est de 7 à Rien pour KOKA et ses coéquipiers, nous décidons de sortir avant l’afflux.
La précaution s’avéra inutile car comme nous de nombreux supporters ont eu le même flair.
Les bus étaient stationnés attendant la fin du match pour commencer à transporter les spectateurs.
Alors que nous marchions vers le soi-disant point de ramassage, deux buts seront inscrits au loin là-bas.
Enfin, c’est la fin du match, les bus arrivent.
Je ne sens pas l’affaire car il y a trop de jeunes gens surexcités. Je ne me suis pas trompé. Comme à l’époque des »bôrôs d’enjaillement », les bus sont pris d’assaut. Les files d’attente sont reléguées aux calendes grecques, seuls les muscles ont droit de cité.
Nous n’avons plus 20 ans et savons ce que lutter pour accéder à un bus implique. Nous décidons donc de marcher jusqu’au véhicule soit au moins 5 ou 6 Km.
Nous ne sommes pas seuls dans le cas car la rue est noire de monde. Après plus d’une heure de marche nous arrivions au parking. Là encore, il fallait s’armer de patience car en sortir était loin d’être une sinécure.
Au bout d’une bonne trentaine de minutes, nous arrivons à nous extirper du traquenard pour prendre la direction de la prison civile. Il aura fallu se coltiner à nouveau le bouchon jusqu’à la maison.
C’est autour de 23 h 45 que nous arrivons à la maison éreintée.
J’oubliais après la longue marche lorsque nous accédâmes à la voiture, j’entendis un bruit sourd dans la voiture. Le bruit que fait un objet qui tombe au sol. C’était mon épouse. Elle venait de s’émanciper de sa perruque qu’elle avait frappé violemment au sol. Elle me confiera que cette satanée chevelure la martyrisait depuis belle lurette et qu’elle attendait ce moment avec impatience. On pouvait lire le soulagement dans ses yeux. (sourire)
Pour finir, je me demande à quoi servent les centaines de places de parking qu’il y a autour du stade.
Si ce mode opératoire est reconduit pour la CAN, ce sera la catastrophe.
La CAN, c’est dans moins de deux mois et il faudra prendre le taureau par les cornes. S’il s’agissait d’un test grandeur nature, je pense qu’il a permis de voir les failles. J’espère qu’elles seront adressées avant l’ouverture de la CAN.
Le texte est certes long mais il me fallait entrer dans les détails pour que nul n’en ignore.
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction