Dans une interview réalisée en 2019 par Auguste Gnaléhi, l’écrivain essayiste et nouvelliste Soussoy d’Ébène a expliqué que leur défunt père, Louis Akin fut le premier romancier de Côte d’Ivoire avec un Roman publié en 1954 aux Éditions Verlag Tribüne à Berlin en Allemagne. Et ce, contrairement à ce dit l’histoire littéraire de la Côte d’Ivoire.
Comment vous est venue cette idée de devenir un jour écrivain ?
Je crois que c’est un peu dans le sang. Nous avons commencé à côtoyer les Romans depuis l’âge de 8 ans et ce n’étaient pas des ouvrages scolaires. En outre, Avec un Roman publié en 1954 aux Éditions Verlag Tribüne à Berlin en Allemagne, notre père fut le premier romancier de Côte d’Ivoire, contrairement à ce qu’affirme l’histoire littéraire de ce pays.
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Ce roman que nous gardons jalousement en notre possession aura 66 ans en 2020. Le défunt auteur a publié un recueil de poèmes 29 ans après. Et moi je suis Journaliste, Attaché de Presse et également membre de la direction d’un parti politique. Notre défunt père Louis Akin ayant été le premier écrivain de la Côte d’Ivoire, je me suis donc un jour posé la question : Pourquoi ne pas écrire un ouvrage qui lie mon métier de Journaliste, à mes activités dans mon parti politique.
C’est ainsi que j’ai écrit « La Communication Politique : Utilités et difficultés » paru aux Éditions Édilivre à Paris et par la suite « Du bon usage des Mass Media en politique » a été publié chez L’Harmattan en France. Les productions littéraires qui ont suivi, « Tribulations Amoureuses » et « Vous en lirez des Nouvelles » (un collectif) sont deux recueils de Nouvelles publiés, ici même à Abidjan aux Éditions Branian.
Comment formez-vous vos personnages, l’intrigue et l’espace ?
Dans mes deux essais la question ne se pose pas. Il n’y a pas de personnages. Par contre, dans les deux recueils de Nouvelles, en ce qui concerne les personnages je préfère faire usage de noms existants comme Gervais, Georges, Louis, Kouamé, Christine… c’est un choix que de ne pas inventer les noms des personnages comme le font certains auteurs. Dans « L’étrange destin de Wangrin », Gongoloma Soké était un nom tout inventé que personne au monde ne porte. C’est la même chose pour l’espace. Je fais usage de lieux que je connais le plus, Cocody, Plateau, Adjamé, Treichville et maintenant Yopougon.
Pour l’intrigue, vous savez ce sont des Nouvelles donc le plus souvent ce sont de petites histoires que je prends dans des bistrots, des cabarets, vous savez les gens sous l’effet de l’alcool racontent toutes sortes d’histoires qui leur arrivent ou arrivent à leur proches. Je mémorise ces histoires, je les réécris, je les mets en forme comme le font les journalistes après un reportage, en prenant bien entendu, le soin, d’ajouter à ces récits un peu de sel, beaucoup de piments, quelquefois quatre carreaux de sucre et un cuillérée de lait pour les agrémenter à ma manière
Dans « Tribulations Amoureuses » toutes vos nouvelles se terminent très mal, pourquoi ?
Oui c’est un choix. Le titre l’indique d’ailleurs très clairement, ce sont toutes des mésaventures en amour. J’ai voulu cela ainsi parce que j’estime que si une aventure se termine mal, c’est parce qu’elle n’a pas été bien ficelée au début. Sinon il n’y a aucune raison que quelque chose qui a été bien assemblé dès le départ prenne du plomb dans l’aile à la fin.
En fait toutes ces Nouvelles donnent des leçons aux lecteurs (trices) afin que si un jour ils vivent des situations semblables, ils se rappellent qu’ils ont lu dans le livre de Soussoy d’Ébène, une histoire de ce genre qui a mal tourné et qu’il ne faudra pas faire la même chose. Mais je tiens à souligner que Ouhonsio Zao Degoya, une jeune étudiante en Droit qui a été lauréate d’un concours littéraire dans le département de Zoukougbeu en 2018, a tenu à m’accompagner dans cette aventure littéraire en y ajoutant sa Nouvelle intitulée (L’attachement) qui se termine très bien.
C’est une Nouvelle aussi palpitante, émouvante, passionnante, qu’enveloppante. Elle risque de prendre la vedette sur mes Nouvelles. Elle veut donc par cette Nouvelle montrer que tout n’est pas que des tribulations amoureuses dans la vie. Je l’avoue, j’ai été très ému après avoir lu cette Nouvelle. Je le dis, (L’attachement) de Zao Degoya est peut-être la meilleure Nouvelles de ce recueil, car elle va à contre-courant de toutes mes Nouvelles. Mais je lui donne raison. La vie n’est pas seulement faite que de tribulations amoureuses. Il y a aussi bien des cas où tout va comme sur des roulettes.
Quel regard portez-vous sur la production littéraire ivoirienne aujourd’hui ?
Vous savez, l’Association des écrivains de Côte d’Ivoire (AECI) que dirige le Président Macaire Etty aujourd’hui, compte environ 655 écrivains. Si seulement la moitié de ces écrivains publiait un livre tous les deux ans on en serait à près de 655 nouveautés livresques bisannuelles. Ce qui serait très bon. Le plus jeune écrivain de ce pays (Ati Migada) a publié à 15 ans et il en est à sa seconde production littéraire aujourd’hui.
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Vu aussi les Prix littéraires internationaux que remportent certains comme Bandaman Maurice, Armand Gauz, Macaire Etty, Venance Konan, Grâce Minlibé… nous pouvons penser que la production littéraire de ce pays tient bien la route. Il faudra seulement insister sur le fait que les écrivains doivent faire dorénavant eux-mêmes le toilettage de leurs textes en les débarrassant intégralement des éventuelles coquilles qui s’y dissimuleraient. La plupart des Maisons d’Édition ayant jeté l’éponge, quant à la réalisation de cette tâche.
Une interview réalisée par Auguste Gnaléhi
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