Avec L’Adieu à Kourouma, paru aux éditions La Case des lucioles, l’écrivain ivoirien Serge Agnessan livre un roman dense et incisif qui s’inscrit dans la grande tradition des fictions politiques ivoiriennes, tout en affirmant une voix résolument contemporaine.
Avec «L’ Adieu à Kourouma», publié aux éditions La case des lucioles, l’écrivain ivoirien, Serge Agnessan, signe un roman dense et affûté qui s’inscrit dans la lignée des grandes fictions politiques ivoiriennes tout en imposant une voix résolument contemporaine. Le titre, en forme d’hommage autant que de prise de distance, annonce la couleur. En effet, l’auteur convoque l’ombre d’Ahmadou Kourouma pour mieux la questionner, et non pour s’y réfugier.
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Dans ce récit où l’intime croise sans cesse le politique, Serge Agnessan explore les failles d’une société ivoirienne en quête de repères. Corruption ordinaire, faux semblants du discours public, illusions collectives, etc. Le roman dissèque les mécanismes qui minent la confiance citoyenne, sans jamais sombrer dans la lourdeur démonstrative.
L’écriture est vive, nerveuse, parfois acide, mais toujours maîtrisée. Elle porte un regard à la fois lucide et caustique sur les trajectoires individuelles confrontées à la grande mécanique du pouvoir. L’une des forces du livre réside dans sa langue. Héritière de l’ironie kouroumienne, elle en reprend les éclats sans tomber dans le mimétisme. Serge Agnessan impose sa propre tonalité qui est plus urbaine, plus rythmée, attentive aux enjeux d’une époque saturée d’informations et de contradictions.
Sous sa plume, la satire devient un outil de dévoilement, une manière de résister à l’absurde. «L’an 1960, bien entendu. Une date mensongère, j’en suis pleinement conscient. Et je crois fermement que ceux de ma génération le sont tout autant. L’indépendance n’a jamais signifié pour nous que nous ne dépendions plus des Blancs pour penser, manger, rêver, faire l’amour et tout un tas de futilités que commettent les peuples qui se croient libres. De cela, nous étions pleinement certains. Enfin, une bonne majorité d’entre nous l’étaient. Notre erreur a été de ne vous avoir jamais révélé ce mensonge de vive voix», peut-on lire à la page 100 du bouquin.
«L’Adieu à Kourouma» n’est pas seulement un roman critique. Il est aussi un texte profondément humain. Les personnages, fragiles et déterminés, portent les doutes d’une génération qui cherche à réinventer sa place dans une nation en mutation. Cette capa- cité à allier lucidité politique et sensibilité narrative confère au livre une portée singulière.
Fraternité Matin
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction
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