L’agresseur de la marathonienne ougandaise Rebecca Cheptegei a succombé aux brûlures qu’il s’était infligées lors de l’attaque mortelle perpétrée le 1er septembre. Dickson Ndiema Marangach, présenté par la police kényane comme le compagnon de l’athlète, avait aspergé d’essence et mis le feu à Cheptegei alors qu’elle revenait de l’église avec ses enfants à son domicile d’Endebess, dans l’ouest du Kenya.
Brûlé à 41 %, Marangach est décédé des suites d’une septicémie et d’une insuffisance respiratoire causées par ses graves brûlures, selon l’hôpital Moi Teaching and Referral Hospital (MTRH) d’Eldoret.
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Rebecca Cheptegei, âgée de 33 ans et brûlée à plus de 80 %, est décédée quelques jours après l’attaque, le jeudi 5 septembre 2024. Sa mort a provoqué une vague d’indignation mondiale, devenant le symbole des violences sexistes qui continuent de toucher de nombreuses femmes, en particulier en Afrique de l’Est.
Selon Joseph Cheptegei, père de la marathonienne, le différend à l’origine de l’attaque portait sur un terrain que Rebecca avait acheté pour y construire sa maison. Loin d’être un simple conflit domestique, ce meurtre s’inscrit dans un contexte plus large de violences sexistes qui sévissent au Kenya et au-delà. Le secrétaire général de l’ONU, par l’intermédiaire de son porte-parole Stéphane Dujarric, a fermement condamné ce meurtre, rappelant que « les violences faites aux femmes sont un problème trop souvent ignoré. »
La Ville de Paris, où Rebecca Cheptegei avait récemment participé au marathon des Jeux olympiques, a annoncé qu’elle rendra hommage à l’athlète en donnant son nom à un site sportif.
Le décès de Cheptegei rappelle douloureusement ceux de deux autres athlètes de renom, également victimes de violences conjugales. En octobre 2021, Agnes Tirop, athlète kényane double médaillée de bronze mondiale sur 10 000 m, avait été poignardée à mort par son mari, dont le procès est toujours en cours. Quelques mois plus tard, en avril 2022, la Bahreïnie d’origine kényane Damaris Mutua avait été retrouvée morte, également victime présumée de son compagnon.
La multiplication de ces drames au sein du monde de l’athlétisme met en lumière un phénomène croissant de féminicides qui touche de nombreuses femmes, y compris celles issues des milieux sportifs de haut niveau. En 2022, l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a recensé 725 femmes tuées dans des crimes liés au genre au Kenya.
Un combat pour la justice et la sensibilisation
Alors que la famille de Rebecca Cheptegei s’apprête à l’enterrer dans son village natal de l’est de l’Ouganda ce samedi, son père a exprimé son épuisement face à cette épreuve, déclarant : « Nous considérons que justice a été rendue. » Toutefois, cette série de drames pose des questions sur l’efficacité des mesures de protection des femmes contre les violences conjugales, et la nécessité de renforcer les efforts de prévention et de sensibilisation.
Rebecca Cheptegei, au-delà de son parcours d’athlète, devient aujourd’hui un symbole de la lutte contre les violences faites aux femmes. Une cause pour laquelle le monde ne peut plus rester silencieux.
Karina Fofana