Une décision pour le moins inhabituelle a été rendue à Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria, où un tribunal islamique a ordonné, le lundi 20 octobre 2025, le mariage de deux influenceurs TikTok. Le couple, Idris Mai Wushirya et Basira Yar Guda, a été condamné après la publication de vidéos les montrant s’embrassant et se serrant dans les bras, des gestes considérés comme indécents dans cet État régi par la charia.
Selon des sources judiciaires et policières citées par l’Agence France-Presse (AFP), la police islamique de Kano, appelée Hisbah, a reçu l’ordre de célébrer l’union dans un délai maximum de soixante jours. Le porte-parole judiciaire de l’État, Baba-Jibo Ibrahim, a justifié cette décision : « Le tribunal a ordonné à la Hisbah de marier l’homme et la femme, puisqu’ils sont tellement amoureux qu’ils affichent leur romance sur TikTok. »
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Le directeur général de la Hisbah, Abba Sufi, a confirmé avoir entamé les préparatifs. « Bien que le tribunal ait fixé un délai de deux mois, nous souhaitons célébrer le mariage dès que possible. Les deux concernés ont donné leur consentement », a-t-il précisé. Les parents d’Idris Mai Wushirya auraient également exprimé leur accord explicite, tandis que les autorités religieuses tentaient encore de joindre la famille de Basira Yar Guda, résidant dans l’État voisin de Zamfara, à plus de 300 kilomètres de Kano.
Cette affaire intervient dans un contexte où la Hisbah, créée en 2001 pour veiller à l’application de la charia, multiplie les interventions contre ce qu’elle considère comme des atteintes à la morale publique. Idris Mai Wushirya, déjà connu pour ses vidéos humoristiques sur TikTok, avait auparavant été interpellé à plusieurs reprises pour des contenus jugés provocants.
L’État de Kano fait partie des douze États à majorité musulmane du nord du Nigeria où la charia coexiste avec le droit commun. La région abrite également Kannywood, une industrie cinématographique locale florissante produisant chaque mois des centaines de films en langue haoussa, diffusés dans toute l’Afrique de l’Ouest.
Cette condamnation, largement commentée sur les réseaux sociaux, relance le débat sur la liberté d’expression et la place des réseaux sociaux dans une société nigériane partagée entre modernité numérique et traditions religieuses conservatrices.
Lucien Kouaho (stagiaire)
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