Le journaliste, Nasser El Fadel est revenu sur le baptême du feu de Gabo Gérard, alors footballeur et entraîneur, mort le 26 février 2014 à 69. Selon lui, il a sû aller dénicher les « Princes de l’Indénié », « Les guerriers des dix huit montagnes », « Les héros de la cité des Antilopes », etc pour faire la fierté du pays.
Gabo Gérard, on ne t’oublie jamais
J’ai envie de vous raconter cette belle équipe nationale de Côte d’Ivoire que j’ai aimée à treize ans, et qui m’a passionnée.
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Le baptême du feu de Gabo Gérard en mars 1975. Il doit reconstituer une nouvelle équipe nationale. Il fait le choix de s’appuyer sur un nouveau groupe exceptionnel.
En stage, à Aboisso, assisté d’Amissah Kobinan Jacques, le charismatique secrétaire général de la grande Fédération Ivoirienne de Football , et de Touré Castillo le président de la ligue d’Abidjan, il reconstitue une nouvelle sélection Ivoire, après le départ d’une brillante génération .
Le Brésilien Santa Rosa parti, les Laurent Pokou, Mama Ouatara émigrent vers le professionnalisme en France, et d’autres ténors comme François Tahi, André Obrou, Adama Doumbia, Bazo Christophe décident d’arrêter après une bonne décennie de brillants et loyaux services.
Avec courage et confiance Gabo Gérard prend les rênes, sillonne le pays et convoque les meilleurs du moment.
Les gardiens : Gohi Marc (Asec), Faustin Yangui (Bassam) .
Les défenseurs : Dié Fonéyé (Stella) , Moshé Inago (Stella), Sagnaba Soma (Stade),Paul Guéhassa (Asec), Gaston Adjoukoua (Asec).
Les milieux : Lobognon Dakpé (As Divo puis Asec ), Issa Kourouma (Stade), Beugré Inago (Stella) , Moh Emmanuel (Africa), Adjémian Kouadio (Abengourou)…
Les attaquants : Lébry Jérôme (Sc Gagnoa) , Maxime Traoré (Bassam), Guédé Théophile (Asec) .
Ce sont ceux là qui continuent d’épater nos souvenirs.
Pour me consoler aujourd’hui, je pense à leur grande éducation, à leur générosité, à leur amour du jeu et du ballon, mais aussi du pays, à leur joie de vivre. Ils n’avaient, à leur temps, certes, pas gagné grand-chose, ils n’avaient pas beaucoup d’argent , mais les voir jouer c’était toujours enthousiasmant, valorisant.
Même après une défaite, on ne leur en voulait pas, tellement, ils donnaient tout avec dépassement de soi et orgueil.
Nous étions fiers d’eux, d’appartenir aux mêmes valeurs d’une nation qui avait des repères de valeurs et d’identité…
Aller les voir au stade, à l’entraînement, chez eux à la maison était un vrai privilège que je m’offrais .
C’était ressentir de la fierté. L’Ivoirien se distinguait naturellement, il était envié, jalousé. On pouvait perdre mais on n’était jamais déçu .
Pour rien au monde nous n’aurions cessé d’aimer nos Ambassadeurs car ils étaient tout simplement… uniques.
C’est donc à Gabo Gérard que nous devons cette belle page de l’histoire , lui qui sût aller dénicher les « Princes de l’Indénié » :
Nana N’Dri, Albert Mohan, Saint Blan (ASI d’Abengourou) ;
« Les guerriers des dix huit montagnes » comme Rabet Jeannot .
« Les héros de la cité des Antilopes » , de Daloa : Bouabré Koko Paul, Adrien Zabolou ; De Divo, Kéï Julien.
De Gagnoa, Gbizié Léon.
De Bassam Yangui Yangui Faustin, Maxime Traoré, N’Da Akoi Joseph…
De Bondoukou, Théodore Téhua…D’Alépé,
De Bouaké, N’Dadjo, Apessika, Topla Lida Bertin…
Les ténors d’Abidjan n’étaient pas en surnombre. Un match d’entraînement entre Jean-Baptiste Akran et ses copains d’Abidjan contre Théodore Téhua et les provinciers n’était pas gagné d’avance, et quel spectacle !
Moi, dans cette histoire, je restais là, planté comme un arbre à observer les moindres faits et gestes, à rêver, à m’extasier devant des prouesses assaisonnées de bonne humeur.
Et quel bonheur de croiser au bord de la touche un Amani Goly, un Brizoua Bi, un Mondon Konan Julien, un Guy Ayéna …
Les deux derniers cités étaient présidents de clubs, mais à la tombée du soir, nous étions tous autour de ce bijou commun, l’équipe nationale de Côte d’Ivoire.
Notre bien commun, notre Identité .
Nasser El Fadel
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction