L’actrice et animatrice, Emmanuelle Keita s’est prononcée sur le concours Miss Univers qui a eu lieu à Bangkok le jeudi 20 novembre 2025. Selon elle, Olivia Yacé méritait de gagner.
Mes larmes ont coulé..
soyons honnêtes , Olivia Yacé méritait de gagner.
Il y a quelque chose que Miss Universe a réveillé en moi. Quelque chose de profond.
Quand Olivia Yacé s’est présentée, elle était prête, elle était solide, elle était brillante. Et soyons honnêtes : elle méritait de gagner. Pas par favoritisme, pas par émotion, mais par mérite pur. Et pourtant, elle n’a pas gagné.
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Et ce qui se passe là, au fond, c’est la remise en question éternelle, presque épuisante, de la race noire.
Je reconnais qu’il y a de l’évolution. Oui, le temps a fait son travail. Oui, le combat commence à porter ses fruits. On a eu Barack Obama, premier président noir des États-Unis.
On a Oprah a qui on ne ferme plus aucune porte. On a Naomi Campbell, qui a cassé des murs dans la mode. On a Edward Enninful, premier rédacteur en chef noir du Vogue UK.
On a Zendaya qui réécrit Hollywood, Viola Davis qui impose le respect, Beyoncé qui redéfinit la culture mondiale, Michaela Coel qui casse les codes, Lupita qui montre qu’on peut être noire, belle, puissante et couronnée.
On avance. Lentement. Doucement. Mais on avance. Et puis il y a ce moment, ce petit moment de théâtre à Miss Universe avec Miss Mexique, quand elle s’est levée, a tapé sur la table, pour dire qu’elle n’était pas d’accord.
Toi et moi savons reconnaître une scène quand on en voit une. Ce n’était pas une mise en scène organisée ?non?… mais ça sentait quand même le “je dois montrer quelque chose”.
Parce que dans un concours où tout le monde joue le rôle de la fille humble, bien éduquée, posée, celle qui se lève soudain pour se rebeller… c’est souvent celle dont le « derrière est déjà soudé ».
Comme on dit en Afrique : si tu vois quelqu’un qui n’a plus peur de rien, c’est que sa route est déjà tracée. Alors non, ce geste-là, ce n’était pas un acte de courage.
C’était presque un message subliminal : “Je ne suis pas avec vous. Je ne suis pas d’accord. Mais de toute façon, je suis hors du game “: elle était déjà sortie du cercle. Tout avait déjà été décidé.
Et la question qui revient ,la vraie ,c’est : Faut-il continuer à participer à des concours déjà biaisés ? Moi je dis oui. Parce que ce combat-là, il est noble. Ce combat-là, on ne le mène pas pour nous.
On le mène pour les générations après nous. On n’est pas loin du but. On n’est pas loin du camp.
Mais avançons dans la vérité : ne me parlez pas de la Miss Universe noire qui a gagné avec les cheveux courts. Ça aussi, on le connaît. Quand même dans les histoires arrangées, il faut toujours un petit alibi visuel.
Un détail pour calmer les consciences. Un symbole pour dire :
“Mais regardez, il y en avait quand même une qui était noire, donc on n’est pas injustes.”
C’est ça, le fameux quota.
On en met une brillante, jolie, intéressante ,mais mise là essentiellement pour dire qu’on ne discrimine pas. On apaise, on maquille, on équilibre la scène… mais pas le système
Je vais te dire quelque chose de très personnel : Quand on a appelé la quatrième, j’ai vu le visage d’Olivia Yacé…Elle a eu un petit mouvement dans les yeux. J’ai senti. J’ai compris. Et mes larmes ont coulé.
Parce que je me suis dit : on vient de lui arracher quelque chose. Pas parce qu’elle n’était pas assez bonne. Pas parce qu’elle n’avait pas le charisme ou la prestance. Mais peut-être parce qu’elle n’était pas assez « puissante » dans leurs codes.
Ou peut-être parce qu’elle était un peu trop chocolat. Et qu’ils avaient envie de vanille.Voilà pourquoi on doit continuer.
Parce que tant qu’on leur laissera le choix entre chocolat et vanille, il faudra être là pour leur rappeler que la saveur chocolat, elle aussi, est premium.
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction

























