Chez les forgerons, notamment ceux de Tchokaha (Linguédougou), dans le département de Dianra, le « Kodal » est bien plus qu’un simple masque. Il incarne la tradition, la beauté et l’identité culturelle de tout un sous-groupe, particulièrement celui des forgerons, un sous groupe Senoufo.
Appartenant à la catégorie des « plabélé », ces figures symboliques proches du bois sacré, le Kodal se distingue par son visage féminin gracieux et ses pas de danse uniques et captivants. Contrairement à d’autres masques, il ne frappe pas mais séduit par l’élégance de sa gestuelle, renforçant ainsi son aura de respect et d’admiration.
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Un masque de cérémonie funéraire
Traditionnellement, le Kodal sort lors des funérailles, précisément le dernier jour, marquant une séparation « en beauté » malgré la douleur du deuil. Sa préparation reste un rituel codé et sacré, ancré dans le respect des traditions. Bien que ces préparatifs soient entourés de mystère, ils reflètent l’importance accordée à cette figure emblématique dans la vie du village.
La sortie du Kodal mobilise toutes les générations, des jeunes danseurs aux anciens sages, chacun jouant un rôle pour magnifier cet événement. Le masque danse au son d’une flûte appelée « manne », dirigée par un instrumentiste dont les paroles orientent chaque mouvement. Ces pas de danse, synchronisés avec les chants de ses pairs et le rythme des instruments de fer « Kanrgua », célèbrent la vie et la culture.
Un symbole de rassemblement et de fierté
Le Kodal est aussi une source d’émulation sociale et culturelle. Les jeunes filles, parées de leurs plus beaux atours, se joignent à la danse, contribuant à la richesse de cette célébration. Leur participation stimule le masque, dans une atmosphère où tout peut arriver, sous l’œil attentif des anciens réunis sous le « Kpakpol » (l’arbre à palabres).
Bien que le Kodal soit historiquement lié aux funérailles, son caractère non sacré permet aujourd’hui son apparition dans d’autres contextes, notamment pour promouvoir la culture Sénoufo au-delà de ses frontières.
Un patrimoine à préserver
Le masque Kodal, par sa grâce et sa symbolique, transcende les générations et les frontières. Il reste un témoignage vivant de l’art et des traditions Sénoufo, tout en renforçant la renommée du village de Tchokaha. À travers lui, les jeunes apprennent, les anciens transmettent, et la culture rayonne, préservant ainsi une partie essentielle de l’identité africaine.
En célébrant le Kodal, le forgeron, puisque c’est de lui qu’il s’agit, rappelle au monde l’importance de garder vivants les liens entre le passé et l’avenir, entre le sacré et le profane.
Karina Fofana
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