Figure du reggae ivoirien, Kajeem de son vrai nom, Konan Guillaume sera en concert au New Morning à Paris, le 3 mai 2025 après 30 ans de carrière. Dans une interview accordée à TV5 Afrique, il affirme qu’il n’est pas possible de faire du reggae sans prendre position.
Où puisez vous encore l’énergie et la passion après 30 ans de carrière ?
Je la puise dans l’actualité, dans le quotidien. Parce que le reggae est la chronique de ce que nous vivons au quotidien. Le 3 mai 2025, on essaiera de transformer l’enceinte parisienne du New Morning en club de rive abidjanaise. C’est notre ambition, c’est pourquoi nous sommes là.
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Dans une interview, vous avez dit qu’en prestant à l’extérieur, vous vous sentez comme les Eléphants ?
Quand je suis hors du pays, je suis en mode Eléphant. Et Paris, c’est particulier parce que je tourne presque dans presque toute l’Europe, mais je joue très peu à Paris. Avec les appels des fans, je me suis dit qu’il serait bien qu’on vienne cocher la case du New Morning avant de continuer.
Vous dites que le reggae est souvent associé au social. Avez-vous l’impression que c’est toujours le cas en 2025 ?
Pour moi, il n’est pas possible de faire du reggae sans prendre position. Il apparaît même que le reggae est l’un des derniers bastions qui n’est pas encore tombé dans les carcels des oppresseurs.
En effet, le reggae ivoirien qui est reconnu dans le monde entier pour sa particularité, pour son ton corrosif pour sa succulence pour s’attaquer à un certain nombre de maux. En plus, il ne faut pas oublier que notre continent est connu pour son grand taux d’analphabétisme et la musique est connue comme un moyen privilégié pour passer des messages et asseoir les défenses de la paix dans l’esprit des gens.
En tant qu’artiste ivoirien qui fait du reggae, avez-vous l’impression d’avoir plus de travail en année électorale ?
Les années électorales sont des années trop importantes pour qu’on ne dise rien. Effectivement, en année électorale, vue toutes les tensions qui sont exacerbées, il est important que ceux qui peuvent asseoir les défenses de la paix dans l’esprit des gens prennent la parole. Il est important qu’il se positionne en essayant d’apaiser un peu les coeurs.
Quel message avez-vous à lancé au public ivoirien ?
Mon message en cette année électorale est que ce qui nous uni est beaucoup plus fort, il faut savoir s’en rappeler.
En quoi est-il important pour vous de sensibiliser le public sur les dérives d’internet ?
Le fait est qu’il y a 30 ans, une chanson pour parler d’Internet ne serait pas possible. C’est un nouveau phénomène. On a l’impression que sur le continent on a reçu internet sous le mode d’emploi.
Il y a presque plus de nuisance que d’aspects positifs alors que Internet est un outil génial. Quand on voit aujourd’hui les vies complètement détruites pour les méfaits d’Internet, notamment le harcèlement, la violence qui s’est exacerbée. Les gens ont l’impression qu’ils peuvent tout se permettent en se cachant derrière les claviers.
Karina Fofana