Chez les Sénoufo, peuple d’Afrique de l’Ouest installé notamment dans le nord de la Côte d’Ivoire, au Mali, au Burkina Faso, les jumeaux, appelés en langue « Wambélé » occupent une place à part.
Considérés comme des êtres exceptionnels dotés de pouvoirs surnaturels, les « Wambélé » sont vénérés pour leur lien unique avec le monde spirituel et leur capacité à apporter chance et équilibre à la communauté.
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Dans cette culture profondément enracinée dans la spiritualité, les jumeaux ne sont pas seulement perçus comme un phénomène biologique rare. Ils sont vus comme des intermédiaires entre le monde des vivants et celui des esprits, capables d’influencer le destin de leur entourage.
La symbolique des jumeaux s’incarne dans des objets traditionnels puissants, notamment deux petits paniers tissés et liés, représentant l’unité indissociable du duo. Ces paniers ne sont pas de simples objets : ils sont adorés, protégés, et considérés comme des incarnations matérielles de cette dualité sacrée.
Au cœur de ce culte, la case des jumeaux constitue un espace sacré. Cette petite case, souvent construite dans un lieu central du village, représente non seulement la fertilité et la protection, mais également l’équilibre spirituel et communautaire. Elle témoigne du lien particulier entre les jumeaux et les forces invisibles qui régissent le monde selon la cosmogonie sénoufo.
Ainsi, la présence de jumeaux est perçue comme une bénédiction. Leur rôle dépasse le cadre familial pour s’étendre à la collectivité toute entière. À travers les rituels, les offrandes et le respect qui leur sont dédiés, les Sénoufo perpétuent une tradition qui rappelle que la naissance gémellaire est bien plus qu’un événement : c’est un message des ancêtres et des esprits.
Karina Fofana