Joseph Karim Berté, promoteur culturel, est le chef de la délégation qui a conduit la troupe « La chanteuse à la meule » à la 11e édition du festival du Sénang tenu du 25 au 28 décembre 2025 à Korhogo. Pour Berté, cette 11e édition reste la meilleure de toutes les dix autres.
Pourquoi avez-vous tenu à effectuer le déplacement de Sikasso à Korhogo pour prendre part au festival du festival en dépit des conditions de déplacement difficiles ?
Nous sommes en Côte d’Ivoire pour la promotion de la culture. Sans la culture nous n’existerions pas. C’est pourquoi je remercie Alexis Sékongo le commissaire général pour l’organisation annuel et régulière de ce festival. En effet, cela permet à tous les Sénoufo de se regrouper autour d’un événement pour faire un partage d’idées sur la culture, un partage de fraternité. S’agissant de notre déplacement de Sikasso au Mali jusqu’à Korhogo, certains peuvent le percevoir comme un risque, mais pour moi c’est le contraire.
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Nous ne sommes pas venus en Côte d’Ivoire mais nous sommes venus dans une famille Sénoufo car nous sommes aussi des Sénoufo. Quand on forme une famille, il n’y a pas de frontière. Nous respectons les frontières artificielles tracées par le colon cependant elles ne doivent pas briser nos liens. C’est pourquoi nous avons tout fait pour être à ce rendez-vous culturel. Je remercie les autorités ivoiriennes qui nous ont facilité le déplacement de Sikasso jusqu’à Korhogo.
Que pensez-vous de cette 11e édition du festival du Senang qui vient de s’achever ? Si l’on vous demandait de la comparer aux éditions précédentes que répondriez-vous ?
Cette 11e édition du festival du Senang est une réussite totale. Pour mo,i elle est la meilleure de toutes les éditions. Voyez vous, elle a coïncidé avec les élections législatives et la fête de Noel. On avait pensé que les élections et cette fête allaient déranger la tenue du festival mais on s’est rendu compte que ce n’est pas le cas.
Ceux qui devraient voter à Korhogo ou qui devraient faire la fête de Noël ont fait les deux activités en même temps. En aucun cas, le festival n’a été un frein aux élections législatives, bien au contraire. Pendant la journée du vote, il n’y a eu aucune activité, tout le monde est allé accomplir son devoir de citoyen et dans la soirée nous nous sommes retrouvés.
Si les organisateurs annulaient le festival de cette année, cela allait installer le doute dans l’esprit des gens sur les autres éditions futures. Merci au commissaire général de l’avoir maintenu. Si le festival avait été annulé cette année, aujourd’hui nous serions tous dans le regret.
Tenir le festival le 25 décembre jour de la fête de Noël n’a pas pour objectif de saboter cette festivité chrétienne. Cette programmation permet à certaines personnes d’effectuer un seul voyage pour deux activités. Cela a également l’avantage de permettre à certaines personnes de venir fêter la fête de Noël à Korhogo et profiter pour assister au festival.
Pour ceux qui sont dans les services dans les administrations, ce n’est pas facile d’obtenir des autorisations d’absences concomitamment pour les deux cérémonies, notamment la Noël et le festival. Mais si c’est le même jour, le 25 décembre dans la journée, tu viens au festival et la nuit tu vas au réveillon. Ainsi, pour un seul voyage, tu auras réalisé les deux activités sans problème. Pour moi, la date du 25 décembre est bien choisie et elle est à conserver pour les prochaines éditions si c’est possible.
Parlez-nous de la prestation du chant à la meule qui a été fortement acclamé par les spectateurs.
La chanson à la meule permet à la femme d’exprimer non seulement sa joie mais aussi sa colère. Chez nous en pays senoufo, il n’est pas conseillé à la femme de lever le ton sur son mari qu’elle qu’en soit la situation. Donc, lors de cette activité ménagère, lorsqu’elle écrase le mil sur le caillou, elle chante pour exprimer sa colère à travers les paroles.
Le mari en entendant les paroles de la chanson se rend compte de ce que son épouse lui reproche. Ainsi, ce dernier peut mieux lui expliquer sa pensée et lui présenter ses excuses s’il le faut. Ces chants à la meule ont pour rôle d’aider le couple de se communiquer loin du regard des autres et sans lever le ton.
Karina Fofana envoyé spécial à Korhogo
Le Festival du Sénang : Alexis Sékongo exprime sa reconnaissance à son équipe et la met en mission
































