Animateur bien connu du paysage audiovisuel ivoirien, John Zaïbo Jay, plus connu sous le nom de John Jay, s’est récemment exprimé sur l’attitude de certains jeunes confrères de sa profession.
Avec un regard critique mais constructif, il appelle à plus de retenue et de respect dans un milieu où l’humilité, selon lui, devrait être de mise.
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« Dans l’audiovisuel, là où je suis, je ne peux pas me permettre de parler quand Tonton Bouba, Barthélémy Inabo, Serge Fatoh, Yves Zogbo, BBC ou encore Emmanuel Goré Bi sont là », déclare-t-il. Pour l’ancien animateur de l’émission « Du coq à l’âne » sur RTI, il est fondamental de reconnaître la valeur des aînés qui ont ouvert la voie. Un respect qu’il affirme continuer de leur témoigner, en toute humilité.
Il regrette cependant que cette posture ne soit pas toujours adoptée par la nouvelle génération. « Le constat que je fais aujourd’hui, c’est que dans la nouvelle génération, beaucoup s’auto-proclament les meilleurs. Beaucoup affirment : “Mon émission est la plus suivie.” » Une attitude qu’il considère précipitée et peu fondée, surtout lorsqu’elle n’est pas validée par le public.
John Jay ne rejette pas la notion d’émulation professionnelle, bien au contraire. Il encourage les jeunes animateurs à se challenger et à viser l’excellence. Mais il insiste aussi sur la nécessité d’une prudence dans les propos : « On ne maîtrise pas toujours la perception que le téléspectateur ou l’auditeur peut avoir de ce qui est dit dans une émission. » Selon lui, un mot mal interprété peut nuire à l’image d’un professionnel, surtout dans un milieu où la communication est le cœur du métier.
Pour l’animateur, « le français est une langue élastique. Un mot sorti de son contexte perd tout son sens », souligne-t-il, mettant en garde contre les dérives possibles. « C’est à ce moment-là que le game devient dangereux », prévient-il.
Enfin, John Jay rappelle une vérité essentielle : « Dans notre métier, comme chez les chanteurs, le seul patron, le seul roi, c’est l’auditeur et le téléspectateur. » Il insiste sur le rôle des directeurs généraux, limités à la gestion administrative, tandis que l’animateur se doit, lui, d’œuvrer avec passion et rigueur, tout en acceptant d’être évalué par le public. « Parce que si tu commences à te noter toi-même, c’est qu’il y a un problème », conclut-il.
Un message fort pour une génération en quête de reconnaissance, mais qui, selon John Jay, ne doit jamais perdre de vue l’essentiel : le respect, la rigueur et l’écoute du public.
Lucien Kouaho (stagiaire)
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