En ce mois de juillet 2025, l’Afrique célèbre le 60ᵉ anniversaire des premiers Jeux Africains, organisés en juillet 1965 à Brazzaville. Plus qu’une compétition sportive, cette édition inaugurale symbolisait l’émancipation des jeunes nations africaines et la solidarité panafricaine dans un contexte marqué par les indépendances et les rivalités idéologiques.
En ce mois de juillet 2025, le continent africain célèbre avec solennité et émotion le 60e anniversaire des premiers Jeux Africains, organisés à Brazzaville en juillet 1965. Cet événement fondateur, symbole de l’émancipation sportive post-coloniale et de la solidarité panafricaine, fut bien plus qu’un simple rendez-vous athlétique : il s’inscrivait dans un contexte géopolitique marqué par les soubresauts des indépendances et les rivalités idéologiques entre États émergents.
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Parmi les nations ayant pris part à cette édition inaugurale, la Côte d’Ivoire s’était distinguée par un engagement à la fois sportif et politique. Le jeune État ouest-africain, dirigé alors par le Président Félix Houphouët-Boigny, voyait dans cette arène continentale une opportunité de faire rayonner sa vitalité nouvelle.
Gaoussou Koné, l’éclair ivoirien
Le moment de gloire ivoirien viendra des pistes d’athlétisme. Gaoussou Koné, sprinteur de génie, s’imposa comme une légende naissante du sport africain. Il remporta deux médailles d’or, respectivement sur 100 mètres et 200 mètres, établissant des temps impressionnants dans des conditions techniques encore rudimentaires. Ces victoires, saluées avec fierté à Abidjan, incarnaient la volonté du pays de rivaliser avec les meilleures nations du continent, aussi bien sur les pistes que dans les enceintes diplomatiques.
L’affaire Nguia Firmin : le ring comme théâtre géopolitique
Mais au-delà des performances athlétiques, un épisode plus sombre et resté longtemps enfoui dans les replis de l’histoire remonta à la surface de la mémoire collective : celui du boxeur ivoirien Nguia Firmin.
Opposé à un pugiliste guinéen lors d’un combat de boxe amateur dans la catégorie des poids moyens, Nguia mit son adversaire K.O. au second round. Mais, dans un geste qui choqua le public et les officiels, il continua de lui asséner plusieurs coups au sol, suscitant une vague de stupeur dans le stade. Les témoins évoquent encore la violence sèche de ces gestes, l’atmosphère électrique et tendue, et l’intervention précipitée des arbitres pour mettre fin à l’affrontement.
Ce débordement, loin d’être un simple excès de zèle, portait en creux les tensions diplomatiques du moment. Depuis la rupture entre les Présidents Houphouët-Boigny et Sékou Touré, la Côte d’Ivoire et la Guinée s’étaient engagées dans une opposition politique virulente, reflet d’un clivage entre modérés pro-occidentaux et révolutionnaires panafricains. Nombre d’observateurs virent alors dans le geste de Nguia Firmin une revanche symbolique, une violence non plus sportive, mais politique, traduisant le ressentiment accumulé par une jeunesse abreuvée de discours nationaux antagonistes.
Un héritage contrasté, mais fondateur
Soixante ans plus tard, les Jeux Africains demeurent un pilier du sport continental, malgré les défis d’organisation et de financement. À Brazzaville, là où tout a commencé, la mémoire collective ravive les figures héroïques, mais aussi les épisodes controversés qui jalonnèrent cette première édition.
La Côte d’Ivoire, forte de son parcours depuis 1965, continue d’évoluer parmi les grandes nations sportives du continent. Le souvenir de Gaoussou Koné demeure un motif de fierté nationale. Quant à l’affaire Nguia Firmin, elle rappelle que le sport, souvent présenté comme un vecteur de paix, peut parfois cristalliser les passions les plus profondes d’une époque troublée.
Sea Robinson
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction
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