« La jeune fille et la lionne », est un contre du manuel de français, qui a marqué la vie scolaire de nombreux Ivoiriens.
L’histoire se passe dans un village de la savane. La plus gentille et la plus belle des filles du village s’appelle Sali. Toutes ses camarades sont jalouses d’elle. La veille de la fête de Ramadan, toutes les jeunes décident d’aller au village voisin. Elles veulent se faire natter les cheveux chez Fatou, la meilleure coiffeuse de la région. Sali n’a pas fini de laver la vaisselle de sa mère. Elle dit : »je vous suivrai quand mon travail sera terminé. Je ne connais pas le chemin. Mettez des branches sur les chemins que je ne dois pas prendre. Ainsi, je pourrai vous suivre. » Les amies de Sali partent toutes ensemble.
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En chemin, une fille du nom de Namara dit : » écoutez, les amies, j’ai une bonne idée. Sali nous prend pour ses servantes. Elle ne veut pas marcher avec nous. En plus, elle nous commande. Il faut lui jouer un tour. »
Une autre fille s’écrie : » tu as raison. Je ne l’aime pas. Elle croit qu’elle est plus belle que nous. Qu’allons-nous faire ? »
Namara répond : »je vais vous le dire. Écoutez-mois bien…«
Toutes les filles écoutent Namara : « plus loin, le chemin se divise en deux. Il faut qu’elle se trompe de chemin. Fermons le bon chemin et laissons le mauvais ouvert. Ainsi, elle ne viendra pas à la fête.«
Une autre fille dit : »elle reviendra peut-être en arrière et elle prendra le bon chemin. Alors, ses cheveux ne seront pas tressés. Elle ne sera pas plus belle à la fête ».
Toutes les filles rient. Elles sont contentes de ce mauvais tour car elles veulent se venger de Sali. Après son travail Sali se met en route. Elle voit un chemin fermé et prend le chemin ouvert. Elle se perd dans la savane. Au loin, elle aperçoit une case. Elle s’en approche et est étonnée de voir une lionne couchée. Celle-ci rugit et demande à la jeune fille : » Que viens-tu faire ici ?«
Sali se met à genoux et dit poliment : »je m’excuse de te déranger. Je vais chez la coiffeuse du village voisin. Mes camarades m’ont trompée, cas je leur ai demandé de me diriger en mettant des branches sur les chemins qu’il ne faut pas prendre. Mais elles m’ont trompée. »
La lionne répond : Relève-toi, jeune fille. Tes camarades t’ont joué ce tour par jalousie. Moi aussi, je sais natter les cheveux. Je les natte mieux qu’une coiffeuse. Assieds-toi là. Ne bouge pas.
– Merci, Madame.
– Seulement, quand je commence ce travail je ne dois pas m’arrêter. Mon mari va bientôt rentrer de la chasse. Je dois aller à sa rencontre. S’il ne me voit pas sur le chemin, il se fâchera. Que faire ?
– Dieu nous aidera.
Alors la lionne se met à natter les cheveux de Sali. Peu après, on entend le lion rugir. »Maralo, ma femme, viens m’aider. J’ai tué un buffle. Il est lourd à porter.
Quand la lionne entend la voix de son mari, elle dit :
»Voilà mon mari qui revient de la chasse. Il a attrapé un buffle. Il veut que je l’aide. »
Alors Sali répond : » Aujourd’hui, ta femme Maralo est occupée. Maralo fait un travail de femme et toi, tu dois faire ton devoir d’homme. Tu es fort ; ramène le buffle tout seul. »
Le lion étonné. Quelqu’un ose lui parler ainsi. Il tire le buffle de toutes ses forces. Enfin, il arrive près de la maison mais il ne se fait pas voir. Le lion laisse tomber l’animal et crie à nouveau :
»Malabo, c’est moi, ton mari qui t’appelle. Le buffle est lourd. Viens m’aider. »
Sali reprend : Ta femme ne peut venir. Elle est occupée à un travail de femme. Toi, tu dois faire ton travail d’homme tout seul. »
Le lion se met à rugir de colère. Qui ose donc lui parler ainsi ?
Le lion s’écrie : « Malabo, ma femme, je ne sais pas qui est près de toi. C’est quelqu’un de courageux. Il peut trembler ou s’enfuir. Moi aussi, je suis courageux. Bientôt, les deux courageux vont se battre. »
Sali répond : » je sais que tu es fort et courageux ; alors, rapporte le buffle tout seul à la maison. »
Le lion arrive chez lui et laisse tomber le buffle devant la maison. Il est essoufflé et très en colère. De la porte il voit une jeune fille assise, ses cheveux entre les mains de la lionne.
– C’est elle qui me répondait ainsi ? dit-il ?
– Oui, c’est moi. Excuse-moi, ta femme devrait terminer le travail commencé. »
– Tu es courageuse dit le lion. Tu es la première à me parler ainsi. Comment t’appelles-tu ?
– Sali, dit-elle.
Grand-père s’arrête de parler.
– Il est tard, Ali. Reviens demain et je te raconterai la suite de l’histoire.
Est-ce que le lion a mangé Sali ? demande Ali
– Tu le sauras demain, dit grand-père.
Grand-père, dit Ali, raconte-moi la suite de l’histoire de la jeune fille et la lionne.
– Où étions-nous, la dernière fois ?
Sali a dit son nom au lion qui la regardait sans cesse.
– Je continue, écoute bien la suite. Le lion dit à sa femme : »Malabo, j’ai des bijoux dans mon sac. Prends-les et mets-les dans les cheveux de Sali. C’est une récompense que je donne aux personnes courageuses comme elle. Sali, voici encore cette camisole et ce pagne tissés de fils d’or, ils sont à toi. »
Sali dit merci à la lionne et au lion et retourne toute heureuse au village. La voyant revenir, les camarades de Sali se mettent à rire d’elle : » les cheveux de Sali ne sont pas nattés. Elle se couvre la tête avec son pagne. Demain, la plus belle sera la plus laide. »
Le lendemain, la danse commence sur la place publique. Tout le village est présent sauf Sali qui n’a pas fini de s’habiller.
» Sali ne viendra pas à la fête d’aujourd’hui ». Disent les filles, sans doute la honte la rend malade. »
Quelques instants après, Sali arrive, habillée comme une reine. Elle entre dans la danse. Les tam-tams résonnent plus fort. Les griots chantent ses louanges. Tout le monde admire les bijoux et les habits de Sali. Ses camarades qui étaient jalouses d’elle lui demandent pardon :
» Nous étions aveuglées par la jalousie, Sali. Pardonne-nous. Soyons amies.
« C’est le plus beau jour de ma vie, répond Sali. Enfin, j’ai retrouvé mes amies et mes sœurs. Dansons ensemble et oublions le passé. »
Depuis ce jour, Sali et ses amies vivent dans l’entente et la joie.
Contes d’Afrique.
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NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction