Dans une publication sur la page Houphouët-Boigny Félix, Jean Christian Konan, Analysis blog a expliqué l’histoire de la genèse de la fête du Paquinou chez les Baoulé, célébrée parallèlement à la pâques chrétienne.
En 1969 débute les travaux du barrage hydraulique de Kossou. 210 villages doivent être déguerpis parce qu’ils seront immergés par les eaux. Une partie des villages reconstruits sont appelés villages AVB ; il s’agit entre autres de Kossou, Bocabo, Angossé, Attrénou, Kongouanou et Suibonou. Trois mille six cents anciens paysans, en général baoulés, mais on l’oublie souvent des gouro également, sont ainsi devenus pêcheurs.
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Une autre partie des villageois est installée à l’Ouest. Ce sont les villages ARSO. Il faut noter un accueil formidable de leurs frères à l’ouest qui n’ont pas hésité à leur offrir des terres fertiles, favorisant une intégration parfaite pour ces migrants de l’intérieur. Ceux là se spécialiseront dans la culture du café et du cacao. Au total près de 100 milles baoulés sont déplacés à cause du barrage. La Côte d’Ivoire importe alors en pièces détachées les fameux bus Renault Saviem ( Badjan ) pour organiser cette grande migration. Ils seront montés à l’usine de Treichville, la succursale commerciale étant basée à Adjamé Renault, d’où le nom aujourd’hui attribué à cette zone…
Chaque année depuis 1980 environ, à l’issu de la grande traite cacaoyère qui prend fin en avril, les descendants de ces baoulé reviennent sur leurs terres, ou du moins ce qu’il en reste pour célébrer cette grande migration de l’année 1968/69. Célébrer ce qui a été à l’époque un grand traumatisme, car plusieurs cimetières ont été inondés, et abandonner ses morts est un traumatisme en pays baoulé. Houphouët-Boigny a dû longuement négocier.
Il se trouve que pâques coïncide avec la fin de la grande traite cacaoyère et c’est la période de l’année au cours de laquelle les paysans baoulé dispersés un peu partout sur le territoire ivoirien, ont le plus de moyen pour revenir sur leurs terres originales les mains chargées de présents.
Par la suite, et par mimétisme, les citadins baoulé et les baoulé en général se sont également prêtés au jeu migratoire, afin notamment de participer à des projets de développement ruraux. Donc en lexicologie le mot « paquinou « est l’onomastique* baoulé de la pâques chrétienne, relativement à leur migration annuelle.
• L’onomastique est une branche de la linguistique qui a pour objet l’étude des noms propres : leur étymologie, leur formation, leur origine, et leur usage à travers le temps.
Jean Christian Konan
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction