Figure emblématique du cinéma ivoirien, Guy Kalou, de son vrai nom Goulian Emile Guy Kalou Bi, s’est exprimé sur l’état de l’industrie cinématographique nationale. Acteur, producteur et réalisateur, il déplore que la Côte d’Ivoire ne soit pas encore leader dans le cinéma.
Il confie s’être mis en retrait du jeu d’acteur, faute de perspectives durables pour les professionnels du secteur.
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« Personnellement, j’ai un peu levé le pied sur le fait de tourner dans des films. À un moment donné, on se dit : à quoi bon faire rêver les autres si soi-même on ne vit pas une vie de rêve ? », interroge-t-il. Après plus de vingt ans de carrière, il déplore une précarité persistante. Il s’interroge pourquoi les acteurs ne peuvent-ils pas vivre de leur art en Côte d’Ivoire ?
Kalou insiste sur le besoin de structuration et de soutien de toute la chaîne de valeur du cinéma : des comédiens aux techniciens, en passant par la distribution. « On devrait percevoir une réelle évolution dans la vie de ceux qui travaillent dans le cinéma. Mais cela suppose que notre métier soit soutenu, accompagné. Pourquoi est-ce que, chez nous, c’est si compliqué ? », s’interroge-t-il avec gravité.
Prenant exemple sur le Nigeria et son industrie florissante, Nollywood, il rappelle que le pays voisin a su créer un modèle économique solide autour du septième art. « Au Nigeria, le cinéma représente un million d’emplois permanents. Les gens y vivent, ils sont payés. Chez nous, les acteurs travaillent un jour, puis attendent trois mois pour retravailler », déplore-t-il.
Guy Kalou évoque également la question du public et de la fréquentation des salles : « Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de salles, mais parce qu’on ne fait pas encore rêver. » Pour lui, l’enjeu est autant artistique qu’économique : il faut investir massivement pour donner au cinéma ivoirien les moyens de ses ambitions.
« La Côte d’Ivoire est déjà championne dans beaucoup de domaines. Je trouve donc dommage qu’on ne soit pas encore leader dans le cinéma », conclut-il avec espoir mais lucidité.
Lucien Kouaho (stagiaire)
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