Plus d’un siècle après son appropriation coloniale, le tambour parleur Djidji Ayôkwé, emblème du peuple Abidji, s’apprête à retrouver la terre ivoirienne. Ce lundi 7 juillet 2025, l’Assemblée nationale française a voté en nouvelle lecture une loi autorisant sa restitution à la Côte d’Ivoire, marquant une avancée notable dans le processus de retour des biens culturels africains.
Ce vote solennel vient concrétiser une demande formulée officiellement par Abidjan en 2019. Il fait suite à un long travail diplomatique mené par les autorités ivoiriennes dans un cadre de dialogue structuré et respectueux avec les institutions françaises. Un plaidoyer persévérant, soutenu par les parlementaires ivoiriens, qui ont rappelé lors de multiples échanges leur souhait de voir la Côte d’Ivoire prise en compte dans les futures législations relatives aux restitutions d’objets d’art africains.
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Le Djidji Ayôkwé, saisi en 1916, est un instrument de communication traditionnel utilisé pour transmettre des messages à longue distance. Bien plus qu’un objet, il constitue un témoin précieux de l’histoire, de l’organisation sociale et de la spiritualité du peuple Abidji. Son retour est porteur d’une haute valeur symbolique pour la mémoire collective ivoirienne.
Ce tambour est le premier d’une liste de 148 œuvres culturelles réclamées par la Côte d’Ivoire. Sa restitution s’inscrit dans la continuité de l’engagement pris par le président français Emmanuel Macron en 2021, en faveur du retour de biens culturels africains conservés dans les collections publiques françaises. Pour permettre cette restitution, la loi votée ce 7 juillet prévoit une dérogation au principe d’inaliénabilité des biens des musées nationaux.
L’adoption de ce texte ouvre la voie à un nouveau chapitre dans la coopération culturelle franco-ivoirienne, et pourrait faire du Djidji Ayôkwé un symbole fort de réconciliation mémorielle, de justice historique et de renforcement des liens entre les deux nations.
Karina Fofana