Le journaliste, Fernand Dédeh a rendu un témoignage sur l’ancien directeur général de la Radiodiffusion Télévision ivoirienne (RTI), décédé le 28 juillet 2025 intitulé : « Brou Amessan Pierre, mon frère, mon ami, mon patron ». Il rappelle sur sa page Facebook, ses relations proches avec lui.
Tout le monde le savait ou presque à la télé : mes relations avec le journaliste et le directeur général Brou Amessan Pierre étaient fraternelles et cordiales. Brou Amessan était le prototype de chef qui donnait l’impression de ne rien prendre au sérieux, qui écoutait beaucoup, prenait son temps à apprécier les choses. Je lui ai demandé un jour, le vin qui sert pour la communion à l’Église catholique, est-il alcoolisé ou non ? Il m’a dit : « Donne-moi de l’argent, je t’en apporte. » Comment des hommes de Dieu peuvent boire de l’alcool devant les fidèles. ? »
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Il a effectivement apporté une bouteille et dans son bureau de sous-directeur de l’information, il m’a demandé de me servir et me faire une idée moi-même. J’aurais dû prendre l’avis de ma fille Sylvie Toure. J’avais cru en l’homme que j’ai suivi pendant mes années-étudiant, présentant l’émission religieuse catholique à la RTI. Celui que j’ai rejoint plus tard à la RTI et qui m’a adopté. J’ai aligné des gorgées du fameux vin et plus tard, j’ai appris qu’il était tout heureux d’annoncer à ses visiteurs, que « ce monsieur dort, il est saoulé. »
Brou Amessan était le présentateur du JT qui portait un costume-cravate avec des sandales. Il était aussi, le responsable qui taquinait tout le monde, riait de tout. À la conférence de rédaction à TV2, quand arrivait son tour de critique, elle trouvait toujours une échappatoire. Feu Laurent Banga, Le Prince avait alors l’habitude de me prendre à témoin : « Dis à ton type-là, le jour que je deviens le DG de cette maison, il n’entrera plus ici. »
C’était le rituel, à chaque conférence de rédaction. Et puis, un jour, Brou Amessan me souffle à l’oreille : « Informe ton fameux Prince que je suis le nouveau DG de la RTI. » Laurent Banga en rit. Brou Amessan insiste. À la fin de la conférence de rédaction, il me tient par la main et précise : « J’ai été informé tard dans la nuit que je suis désigné DG de la RTI. Garde l’information sous embargo jusqu’à 13 h. »
Mon frère, mon ami était ainsi le nouveau patron de la maison bleue. On découvre alors un homme qui avait le regard fixé sur les JT. Un DG du JT. En 2010, pour la coupe du monde 2010, la société MTN offre des places VIP aux patrons des médias. Au dernier moment, il décline l’offre : « Moi, je vais aller en Afrique du Sud et vous diffuser ce que vous voulez dans le JT. »
Il y a eu la séquence de la crise postélectorale. Brou Amessan est fidèle à son poste au risque de sa vie. Il a le cœur haut, comme la célèbre ponctuation de ses JT : « Haut les cœurs. »
Comme la plupart des cadres de l’ex-pouvoir, il a connu l’exil au Ghana. Puis, il est revenu au pays. Fidèle à son tempérament, il menait tranquillement sa vie, sans déranger personne. Toujours aussi taquin, quand il intervenait dans le groupe WhatsApp des anciens de la RTI. Selon le chef Sylvère Nebout, ancien directeur de l’information Radio Côte d’Ivoire, le jeudi 24 juillet 2025, Brou Amessan lui a balancé une vidéo de musique chrétienne à 17 h 05 : « Je suis dans la joie ».
Il ne savait pas, comme tous les amis et ex-collaborateurs de Brou Amessan Pierre Jésus, que l’homme venait de lui laisser le dernier message et le condensé de sa vie sur terre.
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Fernand Dédeh témoignage