Alors qu’il cartonnait à l’avènement du coupé-décalé au début des années, Christy B a tout plaqué pour aller à l’aventure en France. Après de longues années passées dans l’Hexagone, il est définitivement de retour en Côte d’Ivoire. A la tête de la Fédération des artistes de Côte d’Ivoire (FEDACI) depuis quelque temps, il ambitionne de faire bouger les choses au niveau du Bureau ivoirien du droit d’auteur (BURIDA).
Après un long moment d’absence au pays, c’est désormais le grand retour à Abidjan de Christy B ?
Absolument ! Je suis de retour à Abidjan pour le travail.
C’est donc un retour définitif à Abidjan après toutes ces années passées en France ?
C’est un retour définitif
Qu’est-ce qui pourrait donc justifier ce retour définitif au pays ?
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Depuis 2017, j’ai créé mon entreprise au pays. Pendant deux à trois ans, j’ai connu beaucoup de difficultés dans la progression de l’entreprise parce qu’étant loin de mon business. Il me fallait donc revenir pour diriger moi-même l’entreprise et surtout voir de plus près comment se développent les entreprises dans mon pays. Mais parallèlement, continuer à faire la production artistique parce que c’est bien la musique qui m’a fait connaitre en Côte d’Ivoire. C’est donc pour tous ces projets que je suis rentré pour apporter ma pierre à l’édifice.
On peut donc voir Christy B revenir sur scène après toutes ces années ?
Absolument ! En ce moment-même, je prépare un son avec Champi Kilo mais par manque de temps, avec ma casquette de chef d’entreprise, ce n’est pas évident qu’il sorte maintenant. Sinon, j’avais prévu sortir ce son dans ce mois décembre.
Pourquoi donc avoir laissé vos fans pour aller à l’aventure en France, alors que vous étiez au sommet de votre gloire ?
Je suis parti à l’aventure parce que j’ai vu comment les artistes de Côte d’Ivoire étaient mal traités après la fin de leurs carrières. Je suis donc parti du pays non pas que j’étais en fin de carrière mais au sommet de ma gloire. Si je voulais rester un monument ou rester éternel dans la tête des gens avec des sons qui perdurent dans la durée, je n’avais d’autre alternative que de partir avant que ma musique ne marche plus. La musique est aujourd’hui comme un avion, elle a un temps pour décoller et un temps pour atterrir. Et moi je n’ai pas attendu d’atterrir. J’étais au sommet et je suis parti. Mais une fois e n France, j’ai poursuivi mes études et je suis devenu éditeur de musique SACEM en France. Je suis aussi devenu producteur de spectacles avec plusieurs grandes organisations de spectacles dans de grandes salles françaises avec de grands artistes internationaux. Ce qui veut dire que je n’ai pas lâché prise. Au bout du compte, j’ai acquis beaucoup de choses et acquis des expériences. Je rentre donc définitivement au pays pour partager avec mes frères ivoiriens tous ces acquis et expériences. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai appelé vers moi les artistes ivoiriens pour leur permettre d’avoir des formations et tout ce que je sais.
Justement, à peine vous rentrez que les crises au BURIDA refont surface. Qu’est-ce qui se passe concrètement ?
Il y a au moins deux ans en arrière, les artistes de Côte d’Ivoire étaient en colère. La colère était telle que le ministre de la Culture et de la Francophonie d’alors, l’actuel ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, SEM Maurice Bandaman, qui, selon moi, était le seul ministre capable d’aider les artistes, a mis en place un comité de gestion et de restructuration et un comité de médiation au BURIDA. Malheureusement, la feuille de route, les propositions faites pour la bonne marche de ces deux comités ainsi que les missions assignées à ces deux entités n’ont pas été respectées. Les artistes ont failli à leur devoir de même pour le Comité de gestion et de restructuration (COGER).
Au niveau de la restructuration financière et informatique, on ne voit rien. Rien concernant le renforcement du système de santé et de sécurité, en dehors d’une police d’assurance où il faut débourser 160 000 F Cfa. Dans les propositions, il y avait aussi la salarisation mensuelle des artistes qui n’a pas été respectée. Aucune Assemblée générale n’a été faite. Toute cette façon de faire ne pouvait donc pas régler le problème des artistes. On ne peut donc pas leur demander de rester patients pendant que la maison brûle. Les artistes ont été suffisamment patients pendant deux ans sans aucun résultat. C’est pourquoi ils m’ont fait appel. Et cette fois, je n’ai plus voulu parler en mon nom propre d’où la création de la Fédération des artistes de Côte d’Ivoire (FEDACI) dont je suis le président, Fadiga de Milano, le Secrétaire général, Stezo et Joss Kezo, les vice-présidents. On ne peut plus cautionner que des artistes perçoivent des droits d’auteur à hauteur de 850 F Cfa. Comment des gens censés être là pour le bien des artistes peuvent donner 850 F Cfa à un individu ? C’est tout à fait normal que la colère monte, car ils l’auront cherché.
Croyez-vous qu’il pourra un jour avoir une paix et une accalmie définitives au BURIDA ?
Si ce que nous demandons est appliqué, la paix sera définitive au BURIDA. Nous sommes dans une question de survie. Le BURIDA doit donc penser politique sociale, mettre en œuvre la vision du président de la République. Le président de la République n’a pas signé le décret sur la rémunération pour copie privée pour enrichir une catégorie de personnes. Depuis 2008, des décrets sont signés pour améliorer les conditions de vie des artistes mais on ne voit rien. Il est donc grand temps de sortir de cette machination et de donner aux artistes ce qu’ils méritent. Ce n’est pas du favoritisme. Je tiens donc à dire au ministère de la Culture et de la Francophonie que c’est maintenant qu’il faut écouter les artistes sinon ce sera tard car en janvier 2023, nous organiserons notre marche. Nous appelons donc le ministère à dissoudre au plus tard le 31 décembre 2022 le COGER.
L’Avenir