C’est ce vendredi 17 mars, à 13h, que l’ancien chargé de mission du Président Félix Houphouët-Boigny sera inhumé dans son village.
Djekanou (15 Km de Toumodi). Jeudi 16 mars 2023. Il est 14h. Le temps est ensoleillé. Il fait plutôt très chaud. Il n’y a pas grand monde sur la voie principale. Seuls mouvements importants : des engins de TP en train de sortir du village. A l’intérieur du village, leurs traces sont là. Des travaux de voirie fraichement exécutés.
A lire aussi : Royaume-Uni : Tik Tok interdit sur les téléphones professionnels des fonctionnaires
La voie principale est impeccable. Celle de la mosquée a été tapissée de granite concassé et compacté. Les abords des rues du village ont été rendus propres. Partout, les caniveaux ont été débarrassés des ordures. Plus loin sur la route du quartier Cité, une pelleteuse s’acharne sur une montagne d’ordures. Des camions-bennes les emportent loin du village. Comme le note avec fierté, Mory Sié, un client dans une boutique non loin du marché, « Djekanou se rend propre pour accueillir son illustre fils ».
Et les jeunes sont en première ligne dans cette tâche. Leur président, Konan Kouamé Herman, rencontré dans la nuit du jeudi au domicile du Chef de village, explique l’engagement de la jeunesse. « Notre préoccupation en tant que jeunes, c’est la préservation des infrastructures qu’il a bâties. Aussi avons-nous mis un point d’honneur à rendre propres les différents endroits. Depuis l’annonce de son décès, nous nettoyons partout. Nous avons vidé tous les caniveaux », dit-il.
N’Guessan Koffi
Au domicile du défunt, un immense domaine situé à l’entrée du village, ce n’est pas encore le grand déferlement, à 15 h00. Mais de petits groupes de personnes assises dans la cour gazonnée devisent tranquillement sous les arbres. C’est le cas de N’Guessan Koffi Charles du village et son groupe. Lui, il est d’Assouakro, un village situé à 8 Km de Djekanou. En compagnie de ses amis, ils sont là pour participer aux préparatifs des obsèques. En attendant, ils causent de tout et de rien autour de bouteilles de soda et de… vin. De l’alcool aux obsèques d’un musulman ? « Mais oui. Vous oubliez qu’il avait un côté Baoulé », répond Charles, très amusé par le chahut.
Comme Charles et ses amis, beaucoup arrivent dans la cour pour présenter leurs condoléances au fils du défunt, le maire de Djekanou, Ibrahim Diallo qui vient de rentrer d’Abidjan. Le maire Ibrahim Diallo est là16h30, celui-ci, après un léger repos, s’installe sous un grand-arbre pour recevoir les visiteurs qui arrivent en petits groupes. Entre coups de fi ls et instructions à ses cousins et neveux, il reçoit les condoléances dans la pure tradition Baoulé. L’atmosphère n’est pas du tout à la grande tristesse. Bien au contraire. C’est ainsi partout en Afrique quand un patriarche de la trempe d’Abdoulaye Diallo vient à mourir d’une mort naturelle. L’ambiance est donc bon enfant. Le fi ls du défunt plaisante et chahute certains.
Ibrahim Diallo
Regardant les dons en nature déjà acheminés par des personnes, Ibrahim fait remarquer à ses proches assis à côté de lui que « Papa a fait ses funérailles avant de partir. Les gens nous ont tout apporté ». Faire ses funérailles avant de mourir peut vouloir dire que le défunt a été un homme généreux. Effectivement, Abdoulaye Diallo a été un homme de partage. Quand le chef du village, Nanan M’Bra Kouakou René, en parle, c’est avec émotion. « Notre père aimait son prochain. Il a toujours été là pour venir à notre secours quand nous étions confrontés à des difficultés », dit-il. «Abdoulaye Diallo, homme du partage », c’est une vérité qui est sur toutes les lèvres à Djekanou. « C’est lui qui a construit Djekanou », dit-on partout. Il a logé. Il a soigné. Il a nourri. Il a offert l’instruction… « Houphouët-Boigny a été le père fondateur. Abdoulaye Diallo a été le bâtisseur », lance le président des jeunes de Djekanou.
Lisez et faites lire Ivoir’Hebdo
C’est après 20 h qu’Ibrahim Diallo a pu se retirer pour prendre des accus pour la suite du programme. Si mercredi était plutôt calme, le Jeudi, a été marqué par le grand déferlement des villes et villages environnants à Djekanou, dès le début d’après-midi. On est venu pour réserver un accueil chaleureux à la dépouille de l’illustre disparu avant le show de la veillée traditionnelle.
Fraternité Matin