Annoncé comme un simple relais de la suprématie européenne, le nouveau format XXL de la Coupe du Monde des Clubs à 32 équipes est en train de tourner au manifeste brésilien. Sur les pelouses américaines, Botafogo, Flamengo, Fluminense et Palmeiras ont dynamité les pronostics : trois victoires retentissantes, un nul accroché, et la perspective inédite d’un « perfect » 4/4 qualificatif pour les huitièmes de finale.
Le choc le plus spectaculaire est venu de Botafogo, qualifié grâce à sa brillante saison domestique. Face au Paris-Saint-Germain, champion d’Europe en titre, le club carioca a livré « la meilleure prestation défensive que nous ayons affrontée cette année », a concédé l’entraîneur parisien Luis Enrique. Au terme d’une rencontre engagée, les Brésiliens l’ont emporté et ont pris seuls les commandes de leur groupe.
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Flamengo n’a pas été en reste. Opposé à Chelsea (tenant de la Ligue Europa Conférence), le Mengão a imposé un pressing haut et une efficacité chirurgicale pour s’imposer 3-1 et valider dès la deuxième journée son billet pour les huitièmes, aidé par la victoire surprise de l’Espérance Tunis face au Los Angeles FC.
De leur côté, Fluminense et Palmeiras ont montré qu’ils savaient aussi résister. Flu a tenu en échec le Borussia Dortmund (1-1) grâce à une organisation défensive exemplaire. Il lui reste deux rencontres abordables contre Ulsan et Mamelodi pour boucler la qualification. Palmeiras, enfin, a partagé les points avec le FC Porto (2-2) et trône en tête de sa poule.
Au sortir de l’exploit de Botafogo, son propriétaire John Textor savourait : « Le PSG est peut-être la meilleure équipe du monde. Ce soir, Botafogo a probablement été la meilleure équipe. Ce tournoi montre que les clubs brésiliens peuvent jouer au football au plus haut niveau. »
Même étonnement mesuré chez Filipe Luís, légende de l’Atlético rebaptisée entraîneur de Flamengo : « Je connais la qualité de l’élite européenne ; je reste surpris par l’ampleur de nos résultats. Mais en Libertadores, on apprend la compétitivité, l’adaptation au climat, aux pelouses : ce vécu fait aujourd’hui la différence. »
Loin du coup d’éclat isolé, ces performances s’inscrivent dans une dynamique profonde : amélioration des centres de formation, hausse des droits TV nationaux et partenariats financiers plus stables. « Ce n’est pas un accident, insiste l’analyste sportif brésilien Paulo Vinícius Coelho. L’écart budgétaire demeure, mais tactiquement et physiquement, nos clubs ont comblé le fossé», a-t-il dit.
La Confédération brésilienne de football (CBF) entend capitaliser sur cette vague. Son président Ednaldo Rodrigues a rencontré vendredi Gianni Infantino à Miami pour réaffirmer l’intérêt du Brésil à organiser la prochaine édition (2029). « Nous voulons ramener cette Coupe à la maison », a-t-il martelé en marge des matches.
Si la phase de groupes s’achevait aujourd’hui, trois des quatre représentants auriverde seraient premiers de leur poule. Un quadruplé historique reste donc possible. Reste à confirmer lors des deux dernières journées, mais déjà l’axiome selon lequel « le football de clubs se joue à onze, et à la fin c’est l’Europe qui gagne » vacille.
Sous le soleil de Floride, la samba a remplacé l’hymne de la Champions League. Et le monde du ballon rond découvre, peut-être un peu tard, que la passion brésilienne n’a jamais vraiment cessé de battre elle attendait juste la bonne scène pour faire taire le scepticisme.
Lucien Kouaho (stagiaire)