Du 1er au 3 août 2025, la place CP1 de Yopougon se transformera en carrefour de la cohésion nationale. À travers le festival « Yop Mon Fyef », les organisateurs entendent faire de la culture un rempart contre les fractures sociales et politiques à l’approche des élections municipales et régionales.
Alors que la Côte d’Ivoire s’apprête à vivre de nouveaux rendez-vous électoraux à partir de septembre 2025, les regards se tournent vers les quartiers populaires d’Abidjan, souvent perçus comme des zones à risque. À Yopougon, la réponse ne passe pas par la répression ou les discours alarmistes. Elle prend la forme d’un événement culturel d’envergure : le festival « Yop Mon Fyef ».
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Organisé du 1er au 3 août sur la célèbre place CP1, le festival revient pour sa 5ᵉ édition avec une ambition claire : transformer l’espace public en terrain d’écoute, d’expression et de prévention. « La paix ne se décrète pas, elle se construit. Et la culture est un ciment puissant », affirme Ange Gbagka, commissaire général adjoint du festival, lors de la conférence de presse de lancement tenue ce lundi 14 juillet 2025 à la mairie de Yopougon.
Pensé comme un véritable laboratoire social, le festival entend mobiliser la jeunesse, les femmes, les leaders communautaires et les acteurs économiques autour d’un seul mot d’ordre : la cohésion sociale. Panels de sensibilisation, performances artistiques, expositions et prestations musicales alterneront jour et nuit pendant trois jours. L’événement veut toucher les cœurs là où les discours politiques échouent. « Il faut éduquer par le plaisir, enseigner sans imposer. C’est ce que permet le festival », glisse un animateur socioculturel de la commune.
Un appui institutionnel et politique affirmé
La mairie de Yopougon, représentée à la conférence par son premier adjoint Yaya Doumbia, a tenu à saluer cette initiative qu’elle qualifie de « vitrine de l’esprit de Yopougon ». « Ce festival est un outil de paix. Le maire Adama Bictogo s’y engage personnellement, car il comprend qu’aucun développement n’est possible sans unité », a-t-il affirmé.
Un espace de dialogue pour prévenir plutôt que guérir
Au-delà de l’aspect festif – avec des têtes d’affiche comme Meiway « Yop Mon Fyef » veut désamorcer les tensions latentes, notamment celles liées à la politisation des identités communautaires. Les organisateurs espèrent ainsi envoyer un message fort : la diversité de Yopougon n’est pas une menace, mais une richesse. L’événement sera aussi l’occasion de rappeler le travail social accompli en dehors de la scène : en mai, le festival a récompensé 500 mères de famille, une action emblématique de son engagement pour la reconnaissance sociale.
Avec 20 000 participants attendus, « Yop Mon Fyef » cherche désormais à se structurer comme un outil citoyen récurrent, inscrit dans l’agenda institutionnel de la commune. L’idée serait d’en faire un mécanisme régulier de prévention communautaire et de renforcement du vivre ensemble.
À Yopougon, où la mémoire des crises passées est encore vive, ce festival apparaît comme une réponse locale à une problématique nationale : comment construire une paix durable, à partir de la base.
Prince Beganssou