Peu de personnes connaissent l’histoire de Dicoh Garba, ce vétérinaire spécialiste en pêche, pourtant à l’origine d’un phénomène culinaire emblématique : le garba, plat populaire à base de thon et d’attiéké, consommé à travers toute la Côte d’Ivoire.
Né le 4 juillet 1937 à Béoumi, Dicoh Garba a marqué son époque en tant que ministre de la Production animale de 1970 à 1983. À cette époque, le thon pêché dans les eaux ivoiriennes n’était pas destiné au marché local. Il était placé sous douane et transitait par le port de pêche d’Abidjan avant d’être exporté vers d’autres pays. Les morceaux de thon qui tombaient lors du déchargement étaient considérés comme des déchets, jetés ou laissés à pourrir.
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C’est là qu’intervient la décision visionnaire de Dicoh Garba. Refusant le gaspillage, il autorise la distribution gratuite de ces déchets de thon aux commerçants locaux. Sans le savoir, il venait de poser la première pierre d’un pan entier de la culture gastronomique ivoirienne.
Avec le temps, les populations s’approprient ce poisson initialement destiné à l’exportation. Ce « thon populaire » est baptisé poisson garba, en hommage au ministre à l’origine de sa disponibilité. Mélangé à de l’attiéké, il devient un plat bon marché, nourrissant et rapidement adopté dans les quartiers populaires, puis dans tout le pays.
Ironie du sort, Dicoh Garba affirme, à 87 ans, n’avoir jamais mangé de garba. « Il ne correspond pas à mon régime alimentaire », confie-t-il, tout en souriant de la célébrité inattendue de son nom. Il n’a appris qu’il était lié à ce plat qu’en le découvrant sur internet.
Au-delà de cette anecdote savoureuse, Dicoh Garba est aussi le neveu du chef traditionnel Nanan Jean Kouadio Attoungbré, ancien Chef de Canton de Béoumi. Il est le père de feue Sarah Dicoh, animatrice à Radio Nostalgie, et le frère de feue Dicoh Mariam, première femme chimiste de Côte d’Ivoire.
À travers une simple décision administrative, Dicoh Garba a changé les habitudes alimentaires d’un pays. Aujourd’hui encore, chaque bouchée de garba raconte une histoire – celle d’un homme qui a su, sans le vouloir, nourrir une nation.
Source : Page Facebook Houphouët-Boigny Félix
Karina Fofana
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