Les chiffres publiés par la Ligue professionnelle de football (LPF) en Côte d’Ivoire, après la première phase du championnat sont alarmants.
Yacine Idriss Diallo
Le nouveau comité directeur de la Fif dirigé par Yacine Idriss Diallo avait fait du retour du public dans les stades de Ligue1 une de ses priorités. Mais le bilan après les matchs aller de la Ligue1 a démontré qu’il est encore loin du compte. Les 120 premiers matchs du championnat d’élite de Côte d’Ivoire n’ont attiré que 20 628 supporters. Ailleurs en Europe, cela représente les entrées pour un seul match, en Premier league anglaise par exemple.
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Une situation qui ne laisse personne indifférent, notamment des observateurs et acteurs du football ivoirien qui évoquent les causes de cette désaffection et proposent des solutions. Pour Eric Babou, l’ancien attaquant de l’Africa Sports et du Stade d’Abidjan, les élections à la fédération ivoirienne de football ont forcément laissé des traces. « Il y a une partie des supporters qui s’est désengagée et qui est restée hostile à la fédération », explique-t-il. Même si les choses semblent empirées cette saison, d’autres acteurs du football ivoirien évoquent un phénomène générationnel.
Ebé Jean Jacques
Ebé Jean Jacques, secrétaire général de l’Usc Bassam, fait le constat amer du fait que la jeune génération ne s’intéresse plus au football local. Une génération qui, pour lui, est plus tournée vers l’extérieur à cause de la diversité et de la multiplicité des canaux modernes de communication. « A l’époque, il n’y avait pas les réseaux sociaux, les chaînes cryptées qui diffusent à longueur de journée des informations et du spectacle venus de l’étranger. Avant on ne consommait que ce qui était disponible. Alors que maintenant avec un seul clic tu as ce qui vient d’ailleurs ; cette génération est passée carrément à autre chose », regrette-t-il.
Les causes sont nombreuses. Ancien international ivoirien devenu journaliste, Aimé Tchétché, lui, fustige le fait que tous les clubs de l’intérieur ont déserté leur base depuis que la crise a éclaté en Côte d’Ivoire. « A l’époque, quand j’évoluais au Sporting club de Gagnoa, il y avait un groupe de supporters qu’on appelait Tchoko Tchoko. Partout où l’équipe allait, ils se déplaçaient par centaines pour la soutenir. Tout cela a disparu et c’est cela le véritable problème », a-t-il révélé. « A côté de cela, il y a des supporters qui ont décidé de boycotter les matchs sur le plan local parce qu’ils se déroulent aux mêmes heures que les championnats étrangers retransmis à la télé. Ils supportent plus les équipes européennes que leur club. L’absence d’un derby comme Asec-Africa qui est le baromètre de notre championnat a également des conséquences », a-t-il ajouté Quelles solutions Pour remonter la pente, plusieurs pistes sont évoquées.
Ebé Jean Jacques et Tchétché Aimé
Si l’absence de spectacle a souvent a été mis en cause, Eric Babou, Ebé Jean Jacques et Tchétché Aimé ont touché du doigt d’autres aspects. « Il faut créer de l’engouement autour de la compétition et donner envie aux gens de revenir. Créer des évènements avant les matchs, amplifier la communication et même créer des stars. Il y a un embryon, mais il faut faire plus. Tout le monde doit participer, que ce soit les hommes de médias ou des anciens footballeurs. Si on arrive également à décentraliser le championnat en allant à l’intérieur, je pense que l’engouement peut revenir », propose Eric Babou « On espère qu’à la faveur de la construction des stades pour la Can, les clubs vont retourner sur leurs bases. C’est la seule solution. Il faut que les clubs retournent sur leur base et organisent leurs supporters », a insisté Tchétché Aimé.
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Ebé Jean Jacques propose, pour sa part, une solution assez profonde : « Il faut reformater les populations afin qu’elles s’intéressent à ce qui se passe chez nous. Ce n’est pas une question de spectacle. La jeune génération n’a simplement pas pu prendre la relève de leurs devanciers. Avant les gens se déplaçaient en famille. En Europe par exemple, il n’y a pas de supporters spontanés mais cela se fait de génération en génération ». Et pourtant des tournois tels que celui organisé par Jonathan Morrison a attiré du monde. « Le Cam Tchin Tchin, il y a eu du buzz autour. Et les Ivoiriens aiment le buzz. On l’a vu également avec le Lys de Sassandra qui n’a duré qu’une période », a répondu le dirigeant de Bassam. Des ébauches de solutions qui, espérons-le, ne tomberont pas dans l’oreille d’un sourd, afin que l’engouement soit meilleur lors de la dernière phase et les saisons à venir.
Fraternité Matin
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