Un jeune homme de 16 ans, bossu, timide, mais débordant d’espoir, foule pour la première fois les planches sous le fromager de Gagnoa. Il s’appelle Michel Gohou Siriki. Son tout premier rôle ? Celui d’un boy dans la pièce « L’inconscient », interprétée au sein de la troupe du Fétiche Éburnéen, dirigée par Alhassane Touré. Sans le savoir, il posait alors les premiers pas d’une carrière qui allait bouleverser le paysage théâtral ivoirien.
En 1986, lorsqu’il montait pour la première fois sur les planches, Michel Gohou Siriki a dû se contenter d’être le boy dans « l’inconscient » sous le fromager de Gagnoa. Première troupe, première expérience d’un jeune qui avait opté pour les planches sans savoir trop où il allait. Tant pis, ce sera au Fétiche Éburnéen avec Alhassane Touré. Michel traînait sa boss, comme un fardeau. Il n’avait que 16 ans et déjà plein d’espoir.
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Son drame, comme un mauvais tour divin. Il le vivra un jour de l’année 1984. Des migraines, une paralysie totale. Le diagnostic du médecin est clair : une tuberculose des os ; la suite, une bosse. « Je me suis senti perdu, ma vie venait de s’écrouler ». Même après tant d’années, Gohou se souvient de cette période de sa vie. Les amis ? Tous envolés. Bonjour la solitude. Face à ce vide existentiel, le théâtre devient la planche du salut.
À défaut de rejouer sa vie, il jouera des rôles, ceux des personnages des pièces de théâtre. Il réapprend même à vivre. Il reprend le contact avec le monde à travers les publics. Le théâtre est devenu l’arme de vie d’un jeune qui avait perdu pied avec la réalité. Gohou avoue : « si je n’avais pas été bossu, je n’aurais pas connu le succès que je connais sur les planches ». Son handicap est devenu, comme il le dit, son trésor.
Il a 22 ans lorsqu’il quitte Gagnoa pour s’aventurer à Abidjan. Pour se prendre en main, il fait des petits jobs de blanchisserie, de commerce… Il devient un touche-à-tout. Simultanément, il joue dans plusieurs troupes théâtrales. Pour sa toute première expérience au cinéma, le jeune comédien est devenu mendiant, c’était dans « wariko » de Fadika Kramo. En 1993, il rencontre le mécène Daniel Cucax, grand producteur de film, qui lui offre de devenir l’acteur principal de « Les Guignols d’Abidjan », une série au succès tonitruant.
À partir de là, la légende Gohou est née. Porté dans le cœur des Ivoiriens et des Africains, la reconnaissance de son talent s’étend sur le reste du monde lorsqu’il s’illustre brillamment à travers d’autres productions.
Source : Page Facebook Houphouët-Boigny Félix
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction