Un moment historique s’est déroulé ce dimanche 1er mai 1959 à Grand-Bassam, où une messe inédite a été célébrée en langue locale N’zima, accompagnée d’instruments de musique traditionnels ivoiriens, marquant une rupture symbolique avec les chants grégoriens habituellement utilisés dans la liturgie catholique.
Cette célébration particulière a été organisée à l’occasion du 25e anniversaire de sacerdoce de Monseigneur René Kouassi, premier prêtre ivoirien, ordonné le 1er mai 1934 à Dabou. Ce choix de mettre à l’honneur les langues et les traditions locales dans le culte catholique est perçu comme une reconnaissance de l’identité culturelle ivoirienne dans la foi chrétienne.
Né en 1907 à Ably, près de Toumodi, René Kouassi était destiné à une carrière administrative brillante, ayant été un élève remarquable du groupe central, aujourd’hui lycée de Bingerville. Pourtant, il choisit la voie du sacerdoce après avoir entendu « l’appel du Seigneur ». Il commence ses études religieuses en 1923 à Bingerville avant de rejoindre, en 1926, le grand séminaire de Ouidah au Bénin.
Tout au long de sa carrière, Monseigneur Kouassi n’a cessé d’œuvrer pour la formation intellectuelle et spirituelle des jeunes. Enseignant de théologie, philosophie, latin et mathématiques au petit séminaire Saint Augustin de Bingerville, il a formé plusieurs figures majeures de l’histoire contemporaine ivoirienne, parmi lesquelles le futur cardinal Bernard Yago, et des ministres comme Alexis Thierry Lébbé, Boni Alphonse ou encore Usher Assouan.
Décédé en 1970 des suites d’une longue maladie, Monseigneur René Kouassi reste une figure emblématique du clergé ivoirien. La messe de Grand-Bassam, mêlant foi chrétienne et culture ivoirienne, lui rend un vibrant hommage tout en ouvrant une nouvelle page dans l’histoire de l’Église catholique en Côte d’Ivoire.
Karina Fofana