Le samedi 21 mai 1932 restera gravé dans les mémoires des Abidjanais. Pour la première fois dans l’histoire de la ville, une séance de cinéma parlant et sonore a été projetée, marquant un tournant culturel majeur. Le lieu de l’événement, le Lugdunum, a connu une affluence exceptionnelle. La salle, pourtant vaste, était comble bien avant le début de la projection, tant la curiosité et l’enthousiasme étaient palpables.
Le programme, soigneusement composé, mêlait modernité et diversité, avec en grande partie des films issus du catalogue de l’Édition Toby’s, maison de production alors en plein essor. Les spectateurs, conquis, ont découvert avec émotion et étonnement les voix synchronisées aux images, les musiques intégrées à l’action, et les dialogues audibles : une révolution pour un public jusque-là habitué au silence des images muettes.
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Cette soirée inaugurale témoigne de l’entrée d’Abidjan dans l’ère du cinéma moderne. Elle s’inscrit également dans une dynamique de développement urbain et culturel amorcée depuis le début des années 30, comme en témoigne l’édification de salles emblématiques telles que le cinéma REX au Plateau. Construit à la même période, le REX deviendra rapidement un haut lieu de la vie culturelle abidjanaise. Photographié en 1941 depuis le toit de l’Hôtel du Parc, il illustre cette époque pionnière où le cinéma s’imposait comme un vecteur de lien social, de modernité et d’évasion.

Le REX, qui restera ouvert jusqu’à la fin des années 70, connaîtra lui aussi des évolutions, notamment l’adaptation de son écran au format cinémascope, preuve que le cinéma n’a cessé de se réinventer pour mieux émerveiller.
En cette année 1932, Abidjan vient d’allumer la mèche d’une passion populaire qui durera plusieurs décennies.
Source : Page Facebook Houphouët-Boigny Félix
Karina Fofana