L’artiste burkinabè Smarty est l’incarnation même de la résilience, du talent et de la persévérance. En conférence de presse à Bobo-Dioulasso, son collègue Alif Naba a évoqué la dure réalité des débuts de Smarty, sans s’appesantir sur les détails de cette période de galère. Ce qui ressort surtout, c’est la leçon de vie que représente le parcours de cet artiste pour la jeunesse.
Smarty, de son vrai nom Salfo Kaboré, a émergé dans un contexte où la scène musicale burkinabè, et plus particulièrement le rap, était en ébullition. Ouagadougou, et notamment le quartier de Wentenga, grouillait de groupes et de clans de rappeurs. Des figures emblématiques comme Smockey marquaient de leur empreinte cette effervescence. C’est dans cet environnement que Smarty, après avoir affronté des difficultés à Roodwoko, rencontre une voix venue du Tchad, Mawndoe, avec qui il formera le groupe légendaire Yeleen.
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Rapidement, les morceaux du duo deviennent des hymnes de bonheur et de succès, à l’intérieur comme à l’extérieur du Burkina Faso. Le public est conquis et le groupe Yeleen devient une référence incontournable de la scène musicale.
Un succès fulgurant et une chute brutale
Cependant, comme l’a bien résumé Youssoupha, « plus haut est le succès, plus dure est la chute ». Yeleen, de par son franc-parler et son engagement social, commence à déranger, tant dans le monde du showbiz que dans la sphère politique. Des rumeurs circulent, mettant en cause les liens familiaux de Smarty avec le pouvoir en place à Ouagadougou, dirigé par ses oncles Blaise et François Compaoré. Accusations, rumeurs d’argent et de querelles amoureuses enveniment le climat autour du groupe.
L’éclatement de Yeleen semblait inévitable et, aux yeux du public, Smarty était désigné comme le principal responsable de cette rupture. Certains prédisaient que le jeune rappeur ne se remettrait jamais de cette scission. Mawndoe, avec sa voix mélodieuse, était perçu comme celui qui porterait l’héritage musical, tandis que Smarty était vu comme un talent limité, orgueilleux et condamné à l’échec.
L’émergence d’un artiste accompli
Pourtant, c’est dans cette adversité que Smarty a trouvé sa force. Malgré les critiques et une campagne médiatique acerbe à son encontre, il a pris le temps de se reconstruire. Inspiré par les grands du rap comme le groupe MAM, il a trouvé sa propre voie, s’élevant au rang d’artiste accompli. Avec son album « À Pas de Caméléon », il a prouvé à ses détracteurs qu’il n’avait rien à prouver à personne.
Aujourd’hui, Smarty n’est plus simplement un rappeur ; il est une icône de la musique burkinabè et un modèle pour la jeunesse africaine. Ses textes, qui résonnent désormais jusque dans les salles de classe et les amphithéâtres universitaires, sont étudiés et admirés. Le parcours de celui qui a quitté l’école en classe de 4e est désormais une source d’inspiration.
Un modèle de résilience pour la jeunesse
L’histoire de Smarty, faite de défis et de triomphes, est une leçon de vie. Sa capacité à surmonter les épreuves les plus dures sans jamais perdre de vue ses objectifs fait de lui un champion dans l’art et dans la vie. Son parcours rappelle à la jeunesse que la persévérance, le travail et l’intégrité finissent toujours par payer.
Smarty n’a jamais courbé l’échine, malgré les obstacles. Il est resté fidèle à lui-même, prouvant que le talent et la détermination peuvent surmonter toutes les épreuves.
Karina Fofana