L’artiste chanteuse Antoinette Konan a expliqué à Brut l’histoire qui se cache derrière son instrument de musique ‘’l’Ahoko’’, un instrument de musique traditionnel du peuple Baoulé en Côte d’Ivoire qu’elle a revalorisé.
‘’L’Ahoko’’ est un idiophone à raclement, constitué d’un bâton strié que l’on frotte avec un racleur, souvent une noix évidée, et parfois d’un résonateur, comme une coquille de noix aplatie. Selon Antoinette Konan, c’est un instrument Akan qui vient du centre de la Côte d’Ivoire.
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« Il était en voie de disparition. Il se compose de trois accessoires. La caisse de résonnance est toute petite, d’une tige taillée en spirale, il y a des stries dessus et d’une petite calebasse touée aux deux extrêmes. », a-t-elle expliqué.
Pour l’installer, a-t-elle précisé, il faut enfiler à la calebasse. « Ça donne un son simple au départ mais quand vous appliquez la caisse de résonnance le son s’amplifie. », a-t-elle ajouté.
Elle affirme qu’elle ne connait pas l’auteur de cet instrument. « Il était déjà là, mais en voie de disparition et j’ai fait la rencontre d’un monsieur qui s’appelle Koko Amédé Tano originaire de Toumodi. Il m’a posé la question de savoir ce que j’apprends à l’école. J’ai répondu que quand je vais à l’école j’apprends les instruments de musique occidentaux, c’est-à-dire la musique classique. », a relaté Antoinette Konan.
Et d’ajouter : « il demande ensuite ce que je veux faire de la musique classique, que je suis peut-être appelée à valoriser la musique africaine. J’ai répondu que pour le moment c’est une grande question à laquelle je n’ai pas la réponse. Il a dit qu’il me conduirait quelque part là où il y a une femme d’un certains âge qui joue cet instrument, qu’elle va m’apprendre à jouer à de l’Ahoco. »
« Chez nous lorsqu’on demande à quelqu’un de t’apprendre quelque chose tu fais un petit geste pour les ancêtres, notamment de la boisson. Et elle a commencé à chanter et à jouer. J’étais admirative. », a-t-elle affirmé avant de rappeler que des femmes étaient venues ce jour-là pour la soutenir.
« Pour une première fois je suis partie mais il a fallu que je me trouve l’instrument puisqu’à l’époque ça n’existait pas. Ce dont la femme jouait, la calebasse était broyée. On l’a supplée pour qu’elle nous le cède afin que j’apprenne à jouer. », a-t-elle argué.
A l’en croire la dame a grogné un peu avant de céder. « Chose étrange, quand ma mère a vu l’instrument dans ma main elle a demandé ce que je faisais avec. Je lui ai répondu que j’apprends à l’école. J’ai joué en sa présence mais ce n’était pas comme elle le jouait. Elle m’a dit de lui donner afin qu’elle joue. Finalement c’est ce qu’elle a joué que j’ai enregistré pour venir en cité. », a fait remarquer l’artiste.
Elle fait savoir que quand sa voisine sortait les week-ends c’est en ce moment qu’elle mettait le jeu de l’instrument de sa mère et essayait d’écrire les notes.
A en croire Antoinette Konan son instrument lui fait aujourd’hui des ouvertures incroyables. « Je vais à l’extérieur. Avec ça seulement, je peux faire un spectacle et je suis à l’aise. Car ce n’est pas comme un piano pour lequel il faut payer des frais de transport dans un aéroport », a-t-elle argué.
Karina Fofana