Le milliardaire nigérian Aliko Dangote, considéré comme l’homme le plus riche d’Afrique, poursuit son ambition d’industrialisation du continent. Après avoir inauguré en 2023 une gigantesque raffinerie de pétrole à Lagos, il s’apprête à lancer un nouveau projet d’envergure en Éthiopie. Le 28 août 2025, il a annoncé la construction d’une usine d’engrais azotés à Gode, dans le sud-est rural du pays.
Cet investissement colossal est estimé à plus de 1 525 milliards FCFA (2,5 milliards de dollars, soit environ 1 376 milliards FCFA pour 2,1 milliards d’euros). Selon le pacte d’actionnaires, le groupe Dangote détiendra 60 % du capital, tandis que l’État éthiopien en conservera 40 %. L’entreprise précise que cette future usine sera l’un des plus importants projets industriels de l’histoire du pays.
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Avec une production annuelle annoncée de 3 millions de tonnes d’urée d’ici trois ans, le site de Gode devrait figurer parmi les cinq plus grandes usines d’engrais au monde. Ce projet est perçu comme une réponse stratégique aux besoins pressants du secteur agricole éthiopien, où l’accès aux intrants reste limité et coûteux.
Pour Aliko Dangote, il s’agit avant tout de réaffirmer sa volonté « d’industrialiser l’Afrique » et de consolider la place de son groupe comme moteur du développement économique du continent.
Pays de la Corne de l’Afrique, l’Éthiopie compte aujourd’hui environ 132 millions d’habitants. Sa croissance économique oscille entre 5 % et 10 % depuis près de vingt ans, selon la Banque mondiale. L’agriculture occupe une place centrale : elle emploie 60 % de la population et contribue à plus de 30 % du produit intérieur brut.
Mais ce secteur vital fait face à de lourdes contraintes, notamment le coût élevé des engrais importés. Dans un pays enclavé et en proie à des tensions internes, l’implantation d’une usine de production locale apparaît comme une solution durable pour améliorer la sécurité alimentaire, renforcer la balance des paiements et soutenir la lutte contre la pauvreté.
Au-delà de l’Éthiopie, cet investissement illustre l’ambition panafricaine d’Aliko Dangote. Le milliardaire nigérian, déjà actif dans le ciment, le sucre et le pétrole, poursuit une stratégie de diversification qui place son groupe au cœur des grandes transformations économiques du continent.
L’usine de Gode pourrait ainsi devenir un modèle pour d’autres nations africaines désireuses de réduire leur dépendance aux importations et de valoriser leur potentiel agricole.
Lucien Kouaho (stagiaire)