L’animatrice de la Radiodiffusion Télévision ivoirienne (RTI), Nahomi Amoussou a pris la parole ce dimanche 3 août 2025. Alors qu’elle avait coulé des larmes en direct en 2024, certains ont vite fait de dire que « c’était du cinéma ». Elle a expliqué pourquoi elle a pleuré.
Mon cœur s’adresse à vous ce matin, ma famille. J’espère que la paix habite vos foyers et le cœur de ceux que vous aimez.
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On m’a demandé pourquoi j’avais pleuré. On a dit que c’était du cinéma, que j’exagérais. « Qu’est-ce qui fait pleurer dans ça ? » ai-je pu lire. Avant de juger mes larmes, permettez-moi de vous raconter l’océan de douleur d’où elles proviennent.
Il y a un an, le monde s’est effondré sous mes pieds. Moi, qui ai dédié ma vie à la joie des enfants, j’ai été traînée dans la boue, accusée de la pire des choses. Mon nom, que je m’efforce d’honorer depuis 20 ans au service de ma nation, a été jeté en pâture à la haine. J’ai été insultée, maudite jusqu’à mes racines, humiliée publiquement. Le silence de ceux que j’avais aidés était plus assourdissant que les cris de la foule. J’ai connu le pilori numérique, la lapidation par les mots.
Imaginez un instant. Imaginez être seul, face à des millions de doigts accusateurs, basé sur un mensonge orchestré. Imaginez le poids de l’injustice qui vous écrase la poitrine au point de vous couper le souffle. Dans ces moments de ténèbres absolues, quand on se demande si la vie vaut encore la peine d’être vécue, on prie pour une seule lueur, une seule main tendue.
Et puis, dans ce tunnel sans fin, quelques lumières ont osé briller.
Roseline Layo. Cette jeune femme, pour qui je n’avais rien fait d’extraordinaire, m’a couverte d’un amour et d’une loyauté qui ont contribué à panser mes plaies invisibles. Elle a bravé la tempête pour se tenir à mes côtés, m’appelant sa « grande sœur », acceptant de recevoir les éclats de la haine qui m’était destinée.
Willy Dumbo. Mon frère, mon sang. Il s’est levé tel un lion, non seulement pour me défendre, mais pour rappeler aux autres le peu de bien que j’avais pu faire dans leur vie, les implorant de ne pas me laisser sombrer. Ses messages étaient des bouées de sauvetage dans ma noyade.
Père John Jay. Mon professeur et coah depuis 2005.
Matin, midi et soir, ses mots étaient une prescription pour mon âme malade. J’ai su plus tard qu’il pleurait en priant pour moi avec son père spirituel et son église. Un père pleurait au pied de DIEU pour ma douleur.
Le temps a passé. La justice m’a innocentée devant une cabale organisée pour me nuire avec un enfant comme acteur principal.
Mais les cicatrices, elles, restent. Vous avez oublié, vous êtes passés à autre chose. Mais moi, je n’oublie pas. Je n’oublie pas le visage de ceux qui sont restés quand tout le monde était parti.
Alors oui, j’ai pleuré en voyant Roseline. Je n’ai pas vu une artiste venue faire une prestation. J’ai vu l’ange qui a marché avec moi en enfer. Elle venait d’offrir la vie, et malgré sa fatigue, malgré sa fragilité de jeune maman, elle était là. Pour moi. Elle a fait ce trajet pour me montrer une fois de plus que son amour était plus fort que tout. Sur ce même plateau, il y avait Willy. C’était comme si Dieu avait réuni deux de mes sauveurs pour me rappeler que je n’étais pas seule.
Mes larmes n’étaient pas du cinéma. C’était un an de douleur, de solitude et de peur qui se libérait enfin. C’était la gratitude à l’état pur, une gratitude trop immense pour être contenue dans un simple « MERCI ». C’était le soulagement de survivre à la cruauté humaine grâce à la bonté de quelques-uns.
À Roseline, Willy, Papa John Jay : merci n’est pas un mot assez fort. Vous êtes la preuve que l’humanité existe encore.
À vous qui lisez, je ne vous souhaite qu’une seule chose : que si un jour le monde s’acharne sur vous, que si un jour vous vous retrouvez seuls dans le noir, vous ayez la chance de trouver ne serait-ce qu’un seul ange comme eux. Une seule personne. Ce jour-là, vous comprendrez la valeur de mes larmes.
Pardonnez ma fragilité, je suis humaine.
Bon dimanche dans l’amour et la paix du Seigneur Jésus Christ
NDLR : Le titre et l’introduction sont de la rédaction