Les injures, la prostitution, l’attentat à la pudeur, l’homosexualité, l’apologie de la facilité comme mode d’ascension sociale, sont l’apanage de certains internautes ivoiriens.
La révolution Internet, avec l’émergence des nouvelles technologies, a fait de la communication une donnée essentielle dans les rapports humains. La communication est directe, sans frontière et très rapide avec les réseaux sociaux, les messageries instantanées et les e-mails. Aujourd’hui, ce qui se révélait être un atout important pour l’accès à l’information, le partage des données, la gestion administrative, un beau pont entre les mondes, semble avoir perdu sa vocation première.
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En Côte d’Ivoire, des personnes lambda, des pseudo-blogueurs, influenceurs ou coaches ont fait des réseaux sociaux leur domaine de prédilection pour les injures et la promotion de mauvaises mœurs. Les injures, la prostitution, l’attentat à la pudeur, l’homosexualité, la dépravation des mœurs, l’apologie de la facilité comme source de promotion sociale ou encore la promotion de la médiocrité sont l’apanage des pseudo-influenceurs et influenceuses.
Ces nouveaux ‘’modèles’’ d’une société en manque de repère, s’ils ne diffament pas ou encore ne portent pas atteinte à l’honorabilité de certaines personnes, s’illustrent par des actes contraires aux bonnes mœurs ou font la promotion de la médiocrité et l’apologie de la facilité comme mode d’ascension sociale. La prostitution 2.0 à l’ère du numérique Le plus vieux métier du monde, à l’ère du numérique, n’a plus le même visage en Côte d’Ivoire. Depuis les années 2010, les sites de petites annonces et les réseaux sociaux sont devenus des vecteurs incontournables de la prostitution.
Les travailleuses du sexe se sont déportées de la rue sur Internet via des sites ‘’d’escorting’’ (c’est le nom qu’on donne à cette prostitution). Des hommes offrent leurs services aux femmes ou aux hommes et vice-versa. Le sexe se commande sur les réseaux sociaux. Facebook, Whatsapp, Instagram, Tik tok et bien d’autres sont leurs terrains de chasse. Le vocabulaire de la prostitution enregistre de nouvelles expressions ‘’géreuse de bizi ou encore péjorativement ‘’hôtesses’’, ‘’femmes battantes’’.
Elles proposent leurs services via une page officielle par des demandes d’amitié. Les annonces sont des plus affriolantes les unes que les autres. « Titi Gros seins t’attend », « Aline aux reins de roseaux et électriques », « je vous veux à plusieurs, j’aime bai… », « je reçois en résidence ou peux me déplacer », « Un coup 5 000 F Cfa, pipe + un coup 10 000 F Cfa » etc. Avec, pour certaines, des annonces plus subtiles et, pour d’autres, plus directes, ces vendeuses de sexe 2.0 harcèlent les internautes avec des annonces diverses et à travers des approches subtiles ou directes. Les ‘’femmes battantes’’ derrière les claviers !
Une autre forme de prostitution vicieuse se développe également à côté de ces prostituées déclarées. De toutes les classes sociales et socioprofessionnelles, elles s’adonnent à la ‘’prostitution déguisée’’. Très actives sur les réseaux sociaux, elles se cachent derrière des pseudo-superlatifs d’influenceuses, blogueuses, coachs, ou stars du web pour appâter d’éventuels clients. Leurs photos sur leurs pages révèlent outrageusement leurs atouts physiques. Leurs vidéos retracent leur vie illusoire dans des hôtels et restaurants 5 étoiles, des avions, des pays de luxe et de rêve.
Arborant bijou, sac à main, chaussures, tenues de grandes marques et autres accessoires de beauté, elles se présentent comme de réelles femmes battantes, entreprenantes, des modèles de réussite sociale. Certaines mêmes se payent la tête du fisc ivoirien en présentant des millions de F Cfa dont elles seules connaissent l’origine. L’une d’entre elles s’est payée le luxe de dépenser plus de 20 millions de FCfa dans les shopping en une seule journée.
Et pourtant, tapis derrière les claviers de leurs ordinateurs et smartphones, elles se prostituent via internet dans l’anonymat la plus complète. Au grand désarroi de la morale, dans une société ivoirienne hélas, de plus en plus pervertie et à la recherche de vrais modèles. Choquer pour plaire dans la course aux buzz Que ne feront-elles pas pour du buzz ? Récemment, une ‘’influenceuse de la Beauté’’, non contente d’avoir accidentellement montré son sexe lors d’une séance d’épilation est revenue à la charge pour montrer cette fois volontairement sa ‘’dignité’’ de femme.
En réponse aux chocs causés sur la toile, elle affirme, toute honte bue, que c’était une ‘’stratégie marketing’’ (??) pour vendre ses produits qui d’ailleurs, depuis cette atteinte à la pudeur, ont vu leur vente s’accroître et le nombre de followers grimper. Ainsi va la toile dans la course aux buzz et aux vues. Tout comme elle, les acteurs du web rivalisent en ingéniosité malsaine pour accroître leur visibilité et espérer accéder ainsi au rang de stars du web.
On y voit de tout ! De Dougoutigui (une sortie de douche avec du savon sur la tête et les oreilles lui a permis d’être reçu par des hautes autorités du pays et de recevoir plu- sieurs millions de FCfa) à Dj Congélateur (le jeune villageois et analphabète baoulé propulsé comme ‘’star’’ de la musique ivoirienne) en passant par De Versailles (un voleur dénoncé par le balaie magique africain), Le Père Daloa (avec son fameux slogan Amonan c’est cuit, précurseur du rampé-rampé, une forme de mendicité honteuse) et bien d’autres. Ces guignols et amuseurs publics des temps modernes, partisans du moindre effort, qui ont fait de la médiocrité et de la facilité des valeurs d’ascension sociale, prospèrent sur la toile.
Contribuant ainsi à la déliquescence d’une société ivoirienne qui semble imposer les non-valeurs comme normes sociétales au grand désarroi d’une jeunesse qui, en manque de repères et de modèles d’excellence, s’enfonce dangereusement dans la dépravation des mœurs. Mais la vie suit tranquillement son cours au ‘’pays du numérique’’ où infractions en tous genres, notamment incitation à la provocation publique, atteinte à la souveraineté nationale, non-respect des institutions de la République, atteinte à la dignité de la personne humaine, incitation à la prostitution, à la débauche, apologie de la médiocrité sont les valeurs les mieux partagées.
Insulteurs publics
J ’ai relu, avec intérêt, la communication du 31 janvier dernier sur le thème : «La législation en vigueur concernant les blogueurs et influenceurs» de Siméon Koné, directeur des Affaires juridiques à la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca). Elle donne cette définition des blogueurs et les classifie : «Est appelée blogueur, une personne ayant créé un blog, son journal ouvert à tous sur un site internet. Un influenceur est une personne qui utilise les réseaux sociaux, les blogs, les vidéos et autres moyens de communication sur le web pour diffuser des opinions auprès des internautes et qui est capable d’influencer ces derniers en modifiant leurs modes de consommation.
Est considérée comme activiste, une personne qui s’attache à une cause politique, économique, environnementale ou sociale et qui milite intensément pour la défendre à travers la publication sur les réseaux sociaux». Il fait bien de mentionner ceci : «La diffusion du contenu audiovisuel de tout site de blogueur, d’activiste ou influenceur disposant de 25 000 abonnés en ligne n’a pas le caractère de correspondance privée». Très bien. Mais je crois, qu’à cette classification, il faut ajouter un autre étrange type, les insulteurs.
Chaque jour que Dieu fait, ils commettent toutes ces infractions que fait bien d’énumérer, encore, le di- recteur des Affaires juridiques à la Haute autorité de la communication audiovisuelle (Haca) : «Incitation à la haine, à la discrimination ethnique, sociale et religieuse, à la xénophobie ou à la provocation publique ; atteinte à la souveraineté nationale, violation du secret d’État, atteinte à la défense nationale, non-respect des institutions de la République, atteinte à la dignité de la personne humaine». Ne les nommons pas, ce sera leur faire trop d’honneur.
Je vous épargne les dérives qui ne m’étonnent guère d’une… beauté. Ces insulteurs, tout en eux, est une insulte à l’intelligence humaine. Ils aboient sur les réseaux sociaux au lieu de parler ; les insultes de tous ordres sortent de ce qui leur sert de bouche, sans gêne. Ils se prennent pour ce qu’ils ne sont pas, se croient permis de dire des choses insupportables, des insanités de tous ordres sur de respectables gens. Impunément. Sans retenue, ils saliront l’image de gens qu’ils ne connaissent même pas. Le tort de ces personnes qu’ils ne connaissent pas, c’est tout simplement d’avoir osé exprimer une opinion contraire à celle d’un homme politique avec qui ils se sentent si… en phase ; ou même d’une star du football, de la musique… Il se raconte, alors, vrai ou faux, qu’il y a des rabatteurs, ceux qui sont chargés de les utiliser, moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes.
De respectables gens n’hésiteraient pas à les utiliser pour, dit-on, «casser les papos» de leurs adversaires. Le code : «Mon petit, descends dans la boue. Casse les papos !» Et ça pique comme une guêpe. Et ça paie. Un nouveau… métier est né : insulteur public. Comment se recrutent-ils ? Au nombre de buzz. Quelle fierté en tirent ceux qui sont payés pour jouer ce rôle infamant ? Ceux qui les financent et ceux qui entretiennent ce réseau ? C’est le fric que, facilement, tapis dans l’ombre, ceux qui ont les moyens leur donnent. De l’argent gaspillé pour, dit-on, les défendre sur les réseaux sociaux. Le salaire d’un sale boulot. On les recrute un peu comme au football. Qui a le talent à faire plus de buzz sera le plus sollicité.
Lisez et faites lire Ivoir’Hebdo
Regardez nos chaînes, nos réseaux sociaux ! Le buzz, le clash et la vulgarité réunis. On en fabrique même. Du bidonnage. Le soi-disant buzz que recherchent frénétiquement les nouveaux médias à l’heure de l’homobuzzicus (excusez-moi ce barbarisme si laid dans sa forme comme dans sa prononciation) a donné naissance à une nouvelle forme… d’influenceurs. En fait des insulteurs. Il y en a même qui ont, dit-on, des numéros précieux qui leur donnent la force de déverser des tombereaux d’insultes sur d’honnêtes citoyens. Rien ne leur arrivera. Sinon, il y a longtemps qu’on l’aurait su. Prions Dieu, afin que… d’une beauté, s’appliquent de lourdes sanctions dans l’extrême rigueur de la loi. Pour l’hygiène mentale de ce pays, nôtre. Surtout celle des jeunes gens de demain.
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