Le One Woman Show de Prissy la Degameuse, intitulé, « Qui suis-je? » a eu lieu le samedi 18 mars 2023 au Palais de la Culture d’Abidjan. Le journaliste, Moses Djinko qui dit n’avoir « jamais assisté à un show humoristique » a été convaincu par le talent de Prissy La Degameuse. Selon lui, elle a réussi à convaincre ceux des sceptiques.
Prissy, Du Grand Art … J’avoue une chose: de ma petite carrière de journaliste, je n’ai jamais assisté à un show humoristique. Du moins, je n’ai jamais pu voir en présentiel, la cascade d’affiches proposées naguère. Et ce malgré moult invitations. Pour une fois cependant, la curiosité m’a conduit au spectacle de la »Folle Woman Show » de Prissy La Degameuse. Guidé vraiment par la simple curiosité, me voilà donc à la 2700 places assises de la Salle Anoumabo pompeusement estampillée »la 4000 Places ».
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L’atmosphère ? Salle remplie à 95%. Pas mal pour une grande première. Grande première d’une Degameuse qui aura réussi ses premières…gammes. Comment ? Imaginez une folle, sortie de son asile, (un hôpital psychiatrique) débouler sur une scène pour venir dire à la face du monde les raisons de sa folie. Comment Prissy La Degameuse, a-t-elle raconté sa folie ? La folie montrée ici du doigt par PRISSY est celle que la condition humaine met en scène au quotidien. Une condition humaine malmenée par ses propres contradictions que la conteuse d’un soir a déroulées avec la manière pour le bonheur d’un public heureux d’avoir été »instruit » et amusé par les thèmes développés cette nuit.
Qu’en est-il des thèmes au menu de la soirée ? PRISSY ne s’est point embarrassée pour toucher du doigt les questions essentielles qui rythment la vie des Ivoiriens. La politique, les questions liées au mariage, la dépression, expressément taxée de folie chez nous en Côte d’Ivoire et bien d’autres sujets ont constitué le corpus basique, les didascalies (le récit) de son spectacle. Le »Duel » Beté-Dioula… L’art, selon les spécialistes, est La Belle Representation D’une Chose et non…
La représentation d’une belle chose. Attention à la nuance. Une réalité intégrée par notre FOLLE d’un soir qui s’en est bien servie pour diffuser, à profusion, des discours allusifs. Exemple de causerie à plaisanterie symbolisée par le »duel » BETÉ -DIOULA. Ce chapitre, PRISSY a su indexer ce syntagme (apparemment ou supposé) paradoxale qui rythme la vie des Ivoiriens depuis la crise 2010. La comédienne y a mis la manière en convoquant deux musiques ethniques clairement représentatives des DIOULA (Boloye) et des BETÉ (Ziglibyty).
Par cet exercice, PRISSY a fini par faire inoculer tacitement que la Côte ivoire ne se limitait pas qu’à ces deux entités linguistiques et sociologiques »preneuses d’otage » du pays, depuis plus de 10 ans Le tout mis en scène par deux danseurs des différents rythmes cités plus haut. Que Retenir De Ce »Folle Woman Show »? Prissy La Degameuse aura bluffé plus d’un. Y compris l’auteur de ces lignes.
Dans cet exercice, la comédienne s’est montrée multicartes : humoriste aux textes majeurs, chanteuse, musicienne (elle a joué à la batterie, svp). Elle a bluffé les plus sceptiques comme moi. PRISSY a réussi à convaincre ceux des sceptiques comme Elisé Dangui, mon voisin d’un soir, qui ne se serait jamais aventuré à un des spectacles d’humour improductifs, mal ajustés, juste faits pour contenter les adeptes de l’amusaille gratuite.
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Je me permets d’écrire ici que la Côte tient en elle Prissy La Degameuse, une vraie pépite accomplie. Ce n’est pas John Jay que j’ai rencontré à la fin du spectacle qui me dira le contraire en affirmant ceci : » La Côte D’Ivoire a désormais une artiste complète. Cette fille ira très loin ». Maintenant que vous en savez un peu plus sur Prissy La Degameuse, il ne vous reste plus qu’à réserver le sésame pour sa prochaine affiche.
Moses Djinko