L’ouverture de la Semaine du numérique, mardi 18 novembre à Ouagadougou, a été marquée par une scène qui a rapidement enflammé les réseaux sociaux : un robot humanoïde vêtus d’un pagne traditionnel burkinabè, se déplaçant et échangeant avec des visiteurs. Les vidéos, publiées sur X et TikTok, ont circulé à grande vitesse, certaines affirmant qu’il s’agissait d’un robot « entièrement conçu au Burkina Faso ». Le site Togoscoop Info a même soutenu que la machine avait été développée localement « de l’architecture mécanique au système de contrôle intégré ».
Mais derrière l’enthousiasme et la fierté exprimés en ligne, la réalité est tout autre. Une vérification d’images inversée permet en effet de remonter jusqu’à la véritable origine de l’appareil. Comme l’a confirmé un article de Burkina 24 publié le 20 novembre, le robot présenté à Ouagadougou est en fait un G1 de la société chinoise Unitree, un modèle facilement identifiable sur le site du fabricant.
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Franck Yacine Sawadogo, ingénieur en génie des systèmes numériques au ministère de la Transition digitale, y explique clairement les limites de la fabrication locale :
« Ces robots ne sont pas fabriqués au Burkina Faso. Notre expertise a consisté à programmer ces robots. Lorsque les modèles arrivent, nous procédons à leur calibrage, puis à leur programmation. »
Ainsi, si le robot n’est pas « né » sur le sol burkinabè, l’expertise nationale a bel et bien été mobilisée, notamment pour l’adaptation, la préparation et le paramétrage du système afin qu’il puisse fonctionner selon les besoins de la Semaine du numérique.
Ce nouvel épisode rappelle un phénomène plus large : l’instrumentalisation croissante des technologies et de l’intelligence artificielle à des fins de communication politique. Ces derniers mois, plusieurs contenus viraux prétendaient démontrer les avancées technologiques du Burkina Faso, mais se sont révélés être des productions générées par intelligence artificielle ou des vidéos détournées.
En octobre 2025, par exemple, des images montrant un supposé « centre de commandement ultramoderne de l’AES » avaient été identifiées comme des créations d’IA. Des vidéos vantant la « réussite industrielle » du pays — tracteurs, smartphones, machines agricoles — ont également été démasquées comme étant de la propagande numérique. Même une prétendue vidéo de construction ferroviaire s’est avérée provenir… de Malaisie.
L’usage de l’IA a aussi servi à produire des vidéos fictives soutenant le président Ibrahim Traoré, y compris de faux clips attribués à Beyoncé ou R. Kelly.
Si l’apparition du robot à Ouagadougou a démontré une réelle capacité locale en matière de programmation, l’incident souligne la nécessité d’un regard critique face aux contenus technologiques viraux et à leur utilisation dans les stratégies de communication.
Lucien Kouaho (stagiaire)
Des ingénieurs britanniques donnent vie à un robot à forme humaine – allbuzzafrica
























