Le Cameroun est en deuil. Ange Ebogo Emerent, monument de la culture camerounaise et figure emblématique du Bikutsi, s’est éteint à l’âge de 73 ans. Sa disparition laisse un vide immense dans le paysage musical africain.
Né le 4 décembre 1952, Ange Ebogo découvre très tôt sa passion pour le chant. Dès l’âge de six ans, il rejoint la chorale de la mission, séduit par les cantiques religieux qu’il interprétait après la messe. Sa voix exceptionnelle lui vaut le surnom « Ange », attribué par des musiciens zaïrois impressionnés par sa pureté vocale.
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Bien qu’il se forme à la menuiserie, la musique s’impose rapidement comme son véritable chemin. En 1969, il fait ses premiers pas avec le groupe Rendez-vous Band, avant d’enregistrer ses premiers disques aux côtés d’orchestres prestigieux tels que Les Vampires, Les Fantômes et Les Supers Volcans.
Une carrière jalonnée de succès
En 1979, son premier 33 tours Rien d’impossible le propulse sur la scène nationale avec des titres devenus cultes comme Enying Bibon ou Ebogo Awu Nyon. Suivront de nombreux succès : Nyon Man Nyu (1976), ballade bouleversante sur la douleur d’un orphelin ; Sita Mengue (1982), conseils adressés à sa sœur, vendu à plus de 12 000 exemplaires ; Okon Makon (1984), tube qui lui vaut un disque d’or ; Sogolo Mon (1990), primé par l’UNICEF pour son message sur la responsabilité parentale.
Artiste visionnaire, il crée dans les années 1980 le groupe Ozima, véritable tremplin pour des talents comme Zanzibar, futur leader des Têtes Brûlées. Dans les années 1990, il se forme à l’arrangement musical et accompagne plusieurs figures du Bikutsi moderne, dont K-Tino.
Distinctions et héritage
Tout au long de sa carrière, Ange Ebogo Emerent reçoit de prestigieuses distinctions : Meilleur disque de l’année 1984, Grand prix UNICEF 1990, Épis d’or du FENAC 1998, Palme d’or de l’excellence africaine 2006. Le Cameroun le distingue également en le faisant Chevalier de l’Ordre national du Mérite en 2009, puis Commandeur en 2016.
Mais au-delà des trophées, Ange Ebogo restera dans la mémoire collective pour son humilité, sa sagesse et sa voix inimitable qui a marqué plusieurs générations.
La disparition de cette icône laisse orphelins des milliers de mélomanes qui ont grandi au rythme de ses chansons. Le Cameroun perd l’un de ses plus grands ambassadeurs culturels, mais son œuvre continuera d’inspirer et de faire vibrer les cœurs bien au-delà des frontières.
Karina Fofana
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