Accident, prison, moqueries, etc. Derrière le drame de Molare, une société dévoile un visage troublant : celui de la jouissance du malheur de l’autre.
Il y a quelques jours, un drame s’est joué à Cocody Angré. Un accident. Une vie fauchée. Et au centre de ce chaos, un homme : Soumahoro Mauriféré, plus connu sous le nom de Molare. Artiste populaire. Entrepreneur culturel respecté. Homme public. Aujourd’hui, il est derrière les barreaux, détenu par décision judiciaire. Le cœur lourd, l’âme sans doute brisée.
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Mais ce n’est pas tout. Car au-delà de la prison physique, un autre verdict est tombé : celui du tribunal populaire, sauvage, bruyant, cruel. Des voix se sont élevées, non pour compatir ou questionner, mais pour jubiler. Molare est tombé… et certains dansent.
Un accident qui a coûté une vie
Ce qui s’est passé est grave. Une femme est morte. Un accident, une rue, un instant. Le choc a tout emporté. La douleur est réelle. Elle est même cruelle. Une famille est en deuil. La justice a pris ses responsabilités. Molare a été entendu, présenté au parquet, puis incarcéré. Le droit suit son cours. Et c’est normal.
Mais ce qui ne l’est pas, c’est cette vague de plaisir malsain que l’on voit fleurir partout, sur les réseaux sociaux, dans les rues, dans certains médias. Cette joie bruyante qui accompagne la chute d’un homme. Cette ironie, ce mépris, ce mécontentement déguisé en triomphe.
Pourquoi tant de haine ?
Pourquoi tant d’individus se réjouissent-ils d’un malheur qui aurait pu arriver à n’importe qui ? Est-ce parce que Molare a réussi ? Parce qu’il a brillé là où d’autres ont échoué ? Parce qu’il a osé grandir, oser déranger, oser exister ?
Molare, c’est plus qu’un nom. C’est un symbole. De réussite. De fierté. D’ambition. Mais dans notre société, cela dérange. Et souvent, le succès attire une haine silencieuse. Tapie dans l’ombre, elle attend la moindre faille pour frapper. Et aujourd’hui, elle frappe fort.
Le mal profond d’une société blessée
Ce qu’on voit aujourd’hui n’est pas juste un procès contre Molare. C’est le reflet d’un malaise collectif. Un mal-être social. Une douleur non soignée. Une colère qui n’a pas de cible claire. Alors on se retourne contre celui qui chute. On s’en moque. On s’en sert pour rire. Pour se sentir supérieur, pour une fois.
Mais au fond, que gagne-t-on à piétiner un homme déjà à terre ? À transformer une cellule de prison en salle de spectacle ? Rien. Absolument rien. Sinon à dévoiler notre propre fragilité.
Et l’humanité dans tout cela ?
Où est passée notre compassion ? Où est passé notre sens de l’équilibre, du pardon, de l’humanité ? Aujourd’hui c’est Molare. Mais demain ? Un proche ? Un voisin ? Vous ? Moi ? La prison et la mort ne préviennent jamais. Elles ne choisissent pas selon le succès ou l’échec. Elles frappent. Et nous rappellent que nous sommes tous égaux, tôt ou tard.
Se réjouir du malheur d’un autre, c’est rire un peu trop fort de soi-même. C’est oublier que derrière l’image publique, il y a un être humain. Un père. Un fils. Un ami. Un homme, tout simplement.
Ce que Dieu voit, ce que l’Homme juge
La justice humaine a parlé. C’est son rôle. Mais Dieu, lui, voit au-delà. Il voit les cœurs, les vérités cachées, les intentions. Il est le seul souverain. Et c’est à Lui que revient le dernier mot. Ne l’oublions jamais.
Une société à reconstruire
Ce drame devrait être un moment d’introspection, pas de moquerie. Il devrait nous apprendre la prudence, la solidarité, la retenue. Mais surtout, l’humanité.
À tous ceux qui rient aujourd’hui, souvenez-vous : personne n’est à l’abri de la nuit. Et si c’était vous ?
Par Morrys OUAYOU
Journaliste-Ecrivain
Allbuzzafrica.com