Invité lors de l’émission Showbuzz sur la nouvelle chaîne ivoirienne (NCI), l’artiste Alain Demari a livré un plaidoyer en faveur d’une plus grande diversité musicale dans les médias ivoiriens. Selon lui, les médias ne font que parler de Rap ivoire.
Face aux chroniqueurs, l’artiste, formé au conservatoire et connu pour son tube Kinin, a salué l’évolution générale de la scène locale, tout en déplorant une couverture jugée trop exclusive du Rap ivoire.
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« La musique ivoirienne a énormément progressé», a-t-il affirmé. Mais on a parfois l’impression d’être à Atlanta :« on n’entend que du rap. Il existe pourtant des trésors sonores au fin fond de nos régions qui méritent les projecteurs. » Alain Demari rappelle qu’il n’a, lui-même, « aucun problème » avec le rap : « J’en ai même enregistré sur mon premier album. Simplement, le public a plébiscité Kinin, une chanson d’inspiration tradi-moderne. »
Pour le chanteur, sa formation musicale classique lui permet de « s’ouvrir à tous les genres », du coupé-décalé aux rythmes mandingues en passant par le reggae. « Nos radios et télévisions gagneraient à refléter cette pluralité », insiste-t-il.
Depuis cinq ans, le Rap ivoire porté par des figures comme Didi B, Suspect 95 ou Widgunz truste playlists et plateaux télé. Une domination qui, selon certains observateurs, occulte d’autres courants tels que le zouglou nouvelle vague, le gospel urbain ou encore les musiques traditionnelles sénoufo, bété ou baoulé. Alain Demari rejoint ce diagnostic : « Le rôle des médias n’est pas de circonscrire le goût, mais d’élargir l’horizon. »
L’artiste encourage les journalistes et programmateurs à « sortir des capitales culturelles » pour enregistrer les groupes locaux, documenter les rites musicaux et offrir « une bande-son fidèle à la mosaïque ivoirienne ». « Au « , dit-il, « un xylophone ou un tam-tam raconte notre histoire aussi bien qu’un 808 sur un beat trap. »
Alain Demari prépare un nouvel opus annoncé pour fin 2025, où il promet de « mixer balafon, rap et influences funk ». Dans l’intervalle, il entend poursuivre son advocacy pour un paysage culturel équilibré : « Nos artistes ont besoin d’espace pour s’exprimer. Les médias peuvent être ce moteur. À eux de jouer ! »
Par cette sortie médiatique, le chanteur relance le débat sur la représentativité des genres musicaux et rappelle qu’en Côte d’Ivoire, la richesse artistique dépasse largement les frontières d’un seul courant, aussi populaire soit-il.
Lucien Kouaho (stagiaire)
Youssoupha : « Le Rap Ivoire n’a pas encore atteint un niveau de maturité »