Yamoussoukro, 9 juin 1983. Ce jour-là, la Côte d’Ivoire perdait l’une de ses plus grandes figures artistiques : Ernesto Djédjé, fauché à seulement 35 ans. Surnommé le « Gnoantré National », il laissait derrière lui un héritage musical inégalé et un genre devenu patrimoine : le Ziglibithy.
Né à Tahiragué, dans l’ouest du pays, Djédjé est bercé dès l’enfance par les sonorités du Tohourou, chant traditionnel bété. À 16 ans, il fonde le groupe Les Antilopes à Daloa. Très vite, son talent explose. Il est repéré par le mythique Amédée Pierre, et intègre l’Ivoiro Star Band, une école pour les futures icônes.
L’aventure prend un tournant en 1968, lorsqu’il s’installe en France. Son tout premier single, Anowa, est arrangé par Manu Dibango, maître du saxophone. En trois ans, six 45 tours s’enchaînent. Mais c’est à son retour en Côte d’Ivoire qu’il marque l’histoire. D’abord chef d’orchestre à San-Pedro, il crée en 1977 son groupe Les Ziglibithiens, et sort l’album culte Ziboté, fusion explosive entre rythmes traditionnels et modernité. Le Ziglibithy était né.
Djédjé devient alors l’icône culturelle d’un pays en pleine affirmation identitaire. Sa musique, ses textes et sa prestance lui ouvrent toutes les scènes d’Afrique. Il est de tous les grands événements officiels. Il chante pour Houphouët-Boigny, Bédié, Mamadou Coulibaly, tout en restant la voix du peuple.
En six années fulgurantes, il grave cinq albums majeurs dans la mémoire collective. Le Ziglibithy conquiert l’Afrique de l’Ouest et centrale, jusqu’au Libéria. Chaque morceau, chaque refrain, chaque pas de danse portait une identité fière et libre.
42 ans plus tard, l’ombre d’Ernesto Djédjé plane encore sur la musique ivoirienne. Nombre d’artistes revendiquent son influence, et ses morceaux résonnent toujours, de Daloa à Abidjan.
Le Gnoantré est parti trop tôt, mais il n’a jamais quitté le cœur de son peuple. Sa voix, elle, ne s’éteindra jamais.
Source : page Facebook Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix
La musique ivoirienne en deuil : décès d’Eba Aka Jérôme auteur de la célèbre chanson “Trahison”