Au cœur des traditions sénoufo, l’arbre à palabres dénommé « Kafoudal » s’impose comme un pilier de la vie communautaire, un symbole profond de dialogue, de sagesse et de cohésion sociale. Bien plus qu’un simple lieu de rassemblement, il incarne l’âme collective du village.
Dans chaque village senoufo de Côte d’Ivoire, l’on retrouve le Kafoudal. C’est un espace réservé aux sages et aux membres habilités. Le Kafoudal comme on l’appelle, est un espace sacré où la parole est pesée, où les décisions importantes se prennent dans le respect des coutumes.
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C’est aussi un espace où on pleure les morts. Un espace où le défunt fait ses adieux aux vivants avant de prendre le chemin du cimetière. Outre le fait qu’il est un lieu pour les funérailles, il est majoritairement utilisé à des fins de règlement de conflits. On n’y entre pas par hasard, et encore moins pour parler à la légère. La tradition veut que seuls ceux qui ont la légitimité, souvent acquise par l’âge, la connaissance, l’expérience ou le grade acquis au bois sacré, puissent s’y exprimer.
Lieu de mémoire vivante, le Kafoudal est également le gardien d’une identité culturelle forte. Il est le théâtre des grands débats, le refuge des anciennes sagesses, et le ciment d’une société attachée à ses racines. À l’heure où les mutations sociales et technologiques redéfinissent les repères, ce sanctuaire de la parole reste un repère essentiel pour les communautés sénoufo. L’on le retrouve souvent au cœur du village.
L’hôtel des ancêtres, tout comme le « Bois Sacré », le Kafoudal est l’un des lieux les plus sacrés du pays Sénoufo. Il accueille des rites traditionnels, notamment ceux liés au Poro, souvent de nature funéraire. Ce lieu est également un espace de recueillement, de réflexion et de repos réservé aux anciens du village.
En défendant les valeurs de respect, de solidarité et de transmission, le Kafoudal continue de jouer un rôle central dans la préservation d’un héritage précieux. Il rappelle, à qui veut bien l’entendre, que le progrès n’est véritable que lorsqu’il s’appuie sur la mémoire des anciens.
Karina Fofana